Haïti, jadis un pays qui, malgré la dictature, avait une infrastructure économique et sociale solide, est aujourd’hui un pays dévasté, effondré sous les coups de la corruption, de l’incompétence et des ingérences extérieures. À la fin du régime dictatorial des Duvalier en 1986, l’espoir de la démocratie se propageait comme un phare, mais cette promesse a été rapidement réduite à néant. Après trente ans de dictature, le pays était encore capable de maintenir une certaine cohésion interne et de fonctionner, même dans une grande précarité. Les entreprises publiques, telles que Teleco, le Beurre du Sud qui produisait du lait et du yaourt, la Sodexol, l’Email, la BNDAI, et bien d’autres, étaient des piliers essentiels de l’économie haïtienne. Ces institutions créaient des emplois, soutenaient l’agriculture et l’industrie, et permettaient au pays de produire et de consommer une grande partie de ses besoins.
Les usines sucrières, l’HASCO (Haïti Sugar Corporation), et la production de produits agricoles comme le riz et le maïs soutenaient non seulement l’économie mais aussi la souveraineté alimentaire du pays. Des services publics tels que l’eau potable étaient accessibles, l’électricité était présente 18 heures par jour et la sécurité assurée 24 heures sur 24, permettant aux citoyens de vaquer à leurs occupations dans un environnement relativement stable. Le pays était également un centre culturel vivant, avec des centres d’art, des lieux de lecture, de peinture et des cinémas, qui témoignaient de la vitalité de la culture haïtienne. Le tourisme, bien qu’encore à ses balbutiements, avait des bases solides grâce à une infrastructure en développement.
Cependant, après 1986, avec l’arrivée de la démocratie, le pays a vu s’effondrer ces bases et ces acquis. L’idéal démocratique qui avait été promis s’est transformé en une illusion, et ce qui était censé être un renouveau a vite sombré dans l’anarchie, la corruption systématique, et la mauvaise gestion.
La privatisation des entreprises publiques a démantelé des structures vitales pour l’économie nationale, et l’absence de vision politique a permis à des groupes d’intérêts étrangers et des élites locales corrompues de prendre le contrôle des ressources du pays. Teleco, jadis un joyau de l’économie haïtienne, a été démantelé, tout comme le Beurre du Sud et d’autres entreprises productrices, qui ont été réduites à néant. En quelques années seulement, des milliers d’emplois ont été perdus, et l’État haïtien, au lieu de se renforcer, a vu ses capacités de gestion et d’intervention s’effondrer.
Le secteur agricole, pourtant la base de l’économie haïtienne, a été sacrifié sur l’autel des politiques néolibérales imposées par les puissances internationales, qui ont forcé Haïti à ouvrir son marché aux produits étrangers subventionnés. Ce fut un coup fatal porté aux producteurs locaux, et aujourd’hui, le pays dépend en grande partie des importations alimentaires. Les usines sucrières et l’agriculture vivrière ont été réduites à l’état de ruines, et la souveraineté alimentaire du pays a disparu.
Le système éducatif, un autre secteur fondamental, a également été érodé par des réformes mal pensées et une gestion chaotique. Les centres d’art, qui étaient un exemple de la richesse culturelle haïtienne, ont été laissés à l’abandon, tout comme les cinémas et les espaces de lecture qui étaient au cœur de la vie culturelle du pays. L’accès à l’éducation s’est dégradé, et aujourd’hui, des millions de jeunes haïtiens sont privés d’un enseignement de qualité, alimentant un cycle de pauvreté et d’ignorance.
Ce processus de destruction n’a pas seulement été le fait de gouvernements incapables, mais d’une classe politique entière, qui a sacrifié l’avenir du pays pour des intérêts personnels, souvent en connivence avec des pouvoirs étrangers. Les élections, censées être l’un des fondements de la démocratie, sont devenues une farce, un terrain de fraude, de violence et de manipulation, où des politiciens corrompus se battent pour des places au sommet, sans jamais chercher à véritablement servir la nation. Cette démocratie dévoyée a permis à des personnages tels que les CPT (Colons Présidentiels de Transition) et les Premier Manipulateur (PM) de prendre le contrôle, sans aucune intention de redresser la situation du pays.
Les ingérences extérieures ont exacerbé cette crise. Au lieu de soutenir des projets durables pour le développement du pays, la communauté internationale a souvent été complice de cette destruction, ne cherchant qu’à maintenir son contrôle sur les ressources naturelles du pays, tout en faisant semblant d’aider à la reconstruction. L’aide internationale, au lieu de soutenir une véritable politique de développement, a souvent alimenté la corruption et favorisé les élites au détriment du peuple haïtien.
Aujourd’hui, la situation d’Haïti est catastrophique. Le pays se trouve au bord de l’effondrement total, avec une insécurité généralisée, une injustice sociale qui frappe les plus vulnérables, et une économie complètement à l’agonie. Les élites politiques, qu’elles soient de droite, de gauche ou du centre, ont toutes contribué à cette tragédie, et ce, de manière active ou passive. Ce qui se passe en Haïti aujourd’hui n’est pas un accident ni une fatalité, mais un processus de destruction systématique qui a été planifié et exécuté, que ce soit par la complicité des dirigeants politiques ou par les intérêts étrangers qui ont fait main basse sur le pays.
L’heure du réveil a sonné. Il est crucial que le peuple haïtien prenne conscience de la réalité de sa situation et des responsables qui l’ont menée à ce point. Les dirigeants qui ont été au pouvoir, et qui sont encore là aujourd’hui, ont trahi le pays. Il est temps de démasquer ceux qui ont orchestré cette catastrophe et de réclamer un réveil national. Il est temps de restaurer l’autonomie, la souveraineté et la dignité du peuple haïtien. Les quarante années de démocratie ont tout détruit, et il est grand temps de reconstruire Haïti, mais cette fois avec un véritable projet national, fondé sur la justice, l’égalité, et l’humanité.
Port-au-Prince, 28 Avril 2025
Georges DUPERVAL
Coordonnateur Général
BATON JENÈS LA