Malgré un décaissement de plus de 177 millions de gourdes pour financer des opérations anti-gangs entre juin et août 2025, la Police nationale d’Haïti (PNH) essuie de lourdes pertes. L’attaque meurtrière du mardi 22 juillet à Liancourt relance les interrogations sur l’efficacité et la transparence de ces interventions.
Le sang a coulé à nouveau dans le Bas-Artibonite. Ce mardi 22 juillet 2025, le gang « Gran Grif » a tendu une embuscade à une patrouille de l’Unité Départementale de Maintien de l’Ordre (UDMO) dans la commune de Liancourt. Bilan : au moins deux policiers tués, un autre porté disparu, deux civils armés abattus, et un véhicule blindé de la PNH incendié.
Parmi les victimes figurent les agents Jean Louis Daniel et Dareus Daniel, membres de l’UDMO, froidement abattus par les assaillants. Le policier Mertus Fegensly est toujours porté disparu, selon le porte-parole adjoint de la PNH, Lionel Lazarre. Des images insoutenables diffusées sur les réseaux sociaux montrent le blindé en feu et des corps sans vie gisant au sol traînés et humiliés.
Cette attaque survient alors que le ministère de l’Économie et des Finances, selon une source, a autorisé un décaissement de 177 millions 130 mille gourdes pour financer les opérations anti-gangs de la PNH entre juin et août 2025. Parmi cette enveloppe, 35 millions de gourdes étaient spécifiquement alloués au département de l’Artibonite, où la situation sécuritaire ne cesse pourtant de se détériorer.
Depuis la nomination de Rameau Normil à la tête de l’institution, plus d’une dizaine de blindés ont été incendiés dans des opérations souvent mal préparées, et plusieurs sont désormais aux mains des gangs.
Face à ces échecs répétés, une question devient urgente : qu’est-ce qui manque encore à la PNH pour mener des opérations d’envergure et contenir la violence ? Alors que des millions sont injectés dans la sécurité, les gangs renforcent leur contrôle sur le territoire, l’État reste silencieux et les forces de l’ordre tombent les unes après les autres dans des embuscades prévisibles.
Pendant ce temps, l’Artibonite, cœur agricole du pays, s’enfonce chaque jour un peu plus dans le chaos et l’abandon. À l’image de cette région, c’est tout le pays qui s’enlise malheureusement au fond de l’abîme. 1,3 millions de déplacés, 5,7 millions en insécurité alimentaire, les viols les pillages, les incendies tout se multiplient gravement.
La rédaction