Haïti amorce une nouvelle phase de transition, avec Fritz Alphonse Jean, économiste chevronné, ancien gouverneur de la Banque de la République d’Haïti (BRH) et expert reconnu dans les cercles économiques nationaux et internationaux, à la tête du Conseil présidentiel de transition. Son arrivée suscite espoir et alors que le pays fait face à une crise multidimensionnelle, marquée par l’effondrement économique, l’insécurité et une gouvernance en déliquescence.
Quels défis l’attendent et qu’espérer réellement de sa gestion ?
Haïti a peut-être enfin I’occasion de se doter d’une gouvernance économique compétente et visionnaire même si Alix Didier Fils-Aimé, son confrère et Premier ministre, n’a jusqu’à présent pas réussi à impulser une dynamique de changement, malgré les attentes placées en lui. Son expertise et son expérience sont des atouts indéniables, mais le succès de sa mission dépendra largement de sa capacité à mobiliser les différents acteurs nationaux et internationaux autour d’un projet commun.
Haïti est aujourd’hui en récession, avec :
• Une inflation galopante dépassant les 40 %
• Une dépréciation de la gourde qui rend les importations de plus en plus coûteuses
• Un chômage massif et une fuite des cerveaux qui s’accélère
• Une insécurité paralysant I’activité économique et les investissements
La banque centrale (BRH) a dû adopter des mesures restrictives pour préserver la stabilité du système financier, mais celles-ci restent insuffisantes face à la détérioration rapide du climat des affaires.
Le secteur bancaire, bien que résilient, subit les effets de cette crise prolongée. Les profits nets réels du système bancaire ont diminué trois années de suite (2022-2024), illustrant une perte de confiance généralisée dans l’économie nationale.
En tant qu’économiste, Fritz Alphone Jean sait que son premier combat sera la stabilisation de I’économie. Voici les principaux enjeux qu’il devra affronter :
1. Restaurer la confiance dans les institutions financières
Le secteur bancaire haïtien, bien que résilient, a vu ses profits nets réels diminuer trois années de suite (2022-2024), signe d’un affaiblissement progressif du système. Il devra rassurer les investisseurs et éviter un effondrement de la liquidité bancaire.
2. Relancer la production nationale
Haïti importe plus de 70 % de ce qu’elle consomme, ce qui aggrave le déficit commercial. Lui faudra encourager la production locale (agriculture, industrie) pour réduire la dépendance aux importations et stabiliser la gourde.
3. Attirer des financements internationaux sans aggraver la dette
Les 320 millions de dollars de subventions promises par la Banque mondiale doivent être bien gérés. Le défi sera d’attirer des fonds sans tomber dans l’endettement excessif et garantir une gestion transparente des aides.
4. Réduire l’insécurité économique et physique
Aucune relance économique n’est possible sans la sécurité. Le Conseil présidentiel devra impérativement restaurer un climat stable pour que les entreprises puissent fonctionner sans craindre les kidnappings et les pillages.
5. Stabiliser la monnaie et contrôler I’inflation
Le coût de la vie explose, la population ne peut plus acheter des produits de première nécessité.Des mesures d’urgence monétaires et budgétaires devront être prises pour éviter une hyperinflation.
Que peut espérer Haïti sous la Direction d’un économiste ?
Avoir un économiste aux commandes peut offrir une gestion plus technique et rationnelle des finances publiques, mais cela ne suffira pas à résoudre une crise aussi profonde. Fritz Jean devra impérativement conjuguer économie et politique, en s’alliant avec des forces capables d’appliquer les réformes nécessaires.
Sans un minimum de stabilité et une volonté politique forte, même la meilleure des stratégies économiques risque de se heurter à l’anarchie ambiante. La population, fatiguée des promesses, attend des résultats concrets.
Par ailleurs, son passé à la BRH n’est pas exempt de controverses. Certains lui reprochent d’avoir échoué à mettre en place des réformes structurelles lors de son précédent mandat, et d’avoir cédé aux pressions politiques. Ces critiques soulèvent des questions sur sa capacité à résister aux influences néfastes dans un contexte politique aussi volatile.
En définitive, I’avenir d’Haïti dépendra autant de la compétence de Fritz Jean que de sa capacité à imposer des décisions fortes dans un pays où la crise semble être devenue la norme. L’heure de vérité approche