WASHINGTON.– La paralysie budgétaire qui bloque l’administration fédérale depuis plus d’un mois commence à peser lourd sur les familles les plus précaires. Depuis samedi, des millions d’Américains dépendant du programme fédéral SNAP (Supplemental Nutrition Assistance Program), équivalent des bons alimentaires, se retrouvent sans aide pour se nourrir, malgré une décision de justice ordonnant le maintien du dispositif.
Parmi eux, Eric Dunham, 36 ans, père de deux enfants et en situation de handicap, qui confie se retrouver dans une impasse totale. «Si je ne reçois pas mes bons alimentaires, je ne peux pas manger», a-t-il affirmé.
Après avoir payé la pension alimentaire mensuelle due pour ses enfants, Eric ne dispose plus que de 24 dollars pour vivre. Un de ces jours, il a pu déjeuner uniquement grâce aux dons d’un restaurant de Houston, au Texas.
Le shutdown et son impact social brutal
Le blocage budgétaire, conséquence d’un affrontement politique à Washington, paralyse de nombreux services publics. La suspension du programme SNAP a immédiatement touché 42 millions d’Américains, dont 425 000 foyers rien que dans la région de Houston, selon la banque alimentaire locale.
«Aujourd’hui, le programme d’aide SNAP a été suspendu, ce qui est sans précédent dans l’histoire des États-Unis», alerte Brian Greene, président de la Houston Food Bank. «Même avec la décision du juge, il faudra plusieurs jours pour que ça redémarre», a-t-il poursuivi.
Dans les rues du sud de Houston, des files de voitures s’étirent sur plusieurs kilomètres autour d’un stade où des bénévoles chargent des aliments de base dans les coffres: fruits, conserves, riz, pâtes, etc.
Un impact économique et administratif plus large
La crise ne se limite pas à l’aide alimentaire: des centaines de milliers de fonctionnaires ont été placés en congé forcé. Des parcs nationaux sont fermés. Des retards et perturbations sont observés dans les aéroports.
Cette paralysie met en lumière la fragilité du système de protection sociale américain, où de nombreux citoyens dépendent de programmes fédéraux pour répondre à des besoins essentiels.
Le président Donald Trump s’est engagé à continuer à financer l’aide alimentaire, mais l’administration peine à trouver une solution d’urgence. Les discussions au Congrès restent bloquées, et aucune date de déblocage n’est annoncée.
En attendant, des millions de foyers comme celui de Sandra Guzmán, mère de deux enfants, vivent dans l’angoisse: «J’ai fait la demande la semaine dernière. Rien. Je ne sais pas comment nourrir mes enfants demain», a-t-elle lâché.
La crise révèle un paradoxe: la première puissance économique mondiale compte des dizaines de millions de ménages dépendant d’un programme alimentaire pour se nourrir quotidiennement. Alors que tant que le blocage politique perdurera, l’incertitude et la faim continueront de s’étendre.
Jean Mapou


