Cette semaine, le Conseil Présidentiel de Transition fait l’objet de vives critiques et se retrouve au cœur de diverses polémiques, mettant en lumière des jeux d’intérêts et des conflits égocentriques entre ses membres.
Récemment, un journaliste d’un autre média a révélé que cet organe, composé de seulement neuf membres, était divisé en quatre groupes, chacun défendant ses propres intérêts.
Un peu plus tard, loin de faire taire les rumeurs, le coordonnateur du CPT, Fritz Alphonse Jean, a reconnu dans les colonnes du Nouvelliste n’avoir pas organisé de Conseil des ministres afin d’éviter que certains de ses pairs ne trouvent le moyen de procéder à des nominations avec lesquelles lui-même serait en désaccord. Il en a profité pour accuser le ministre des Affaires étrangères de n’avoir pas respecté ses recommandations, en nommant, au sein de la diplomatie haïtienne, des personnalités dont certaines seraient proches de Smith Augustin, de Louis Gérald Gilles ou même du Premier ministre Alix Didier-Fils Aimé.
Face à ces accusations, usant de son droit de réponse au Nouvelliste, Smith Augustin a répondu à son collègue en soutenant que : « Il serait facile de faire des dénonciations, mais le leadership consiste à apporter des solutions », critiquant ainsi le manque de leadership du conseiller Fritz Jean à la tête du CPT.
Ces échanges vifs entre Fritz Alphonse Jean et Smith Augustin semblent confirmer les rumeurs autour des profondes divisions internes qui minent le Conseil présidentiel de transition.
Le relief était intéressé par ce conflit dévoilé au grand jour et a mené une petite enquête. Contactée par notre rédaction et voulant rester anonyme, une source proche du CPT avoue : « Entre les membres du CPT, les relations sont cordiales, même si elles ne sont pas toujours sincères. La cohésion interne est assez précaire. »
Cette source critique l’attitude de Fritz Jean qui, par tempérament, dit-elle, « cultive, depuis son arrivée à la tête du Conseil le 7 mars dernier, un individualisme autoritaire qui freine la progression du CPT, l’affaiblit davantage et compromet l’apprentissage collectif de l’exercice démocratique du pouvoir collégial. »
Toujours selon notre source, le coordonnateur actuel du CPT « tente de monopoliser les décisions de l’exécutif afin de protéger certains proches qu’il aurait lui-même placés à des postes clés au sein de l’État ». Ce serait la principale raison pour laquelle il ne veut pas organiser de Conseil des ministres.
Alors que le pays s’effondre lentement sous le poids des gangs et de la misère, le CPT semble s’enliser dans des querelles de pouvoir stériles, au détriment d’un sursaut institutionnel tant attendu.
Par Gesly Sinvilier