Le football haïtien, jadis source de fierté nationale et symbole d’unité, traverse une crise sans précédent. Entre insécurité galopante, gouvernance chaotique et infrastructures paralysées, le sport roi en Haïti est au bord de l’asphyxie. Pourtant, au cœur de cette tempête, des solutions existent pour redonner au football haïtien ses lettres de noblesse.
L’insécurité généralisée est le premier obstacle. Les compétitions, autrefois vibrantes, sont réduites à un championnat « spécial » pour la Première Division, tandis que la Deuxième Division a disparu, privant les jeunes talents d’une plateforme pour émerger. Plus dramatique encore, le Centre FIFA Goal de la Croix-des-Bouquets, poumon de la formation nationale, est occupé par des gangs armés. Cette situation rend impossible tout entraînement ou développement des joueurs, coupant l’herbe sous le pied de la relève. Restaurer la sécurité autour des infrastructures sportives doit être une priorité absolue. Cela passe par une collaboration étroite entre les autorités, les forces de l’ordre et les acteurs du football pour sécuriser les stades et les centres d’entraînement.
La gouvernance de la Fédération haïtienne de football (FHF) est un autre défi majeur. Depuis la mise à l’écart d’Yves Jean-Bart, accusé d’abus sexuels, la FHF est dirigée par un comité provisoire sans calendrier électoral clair. Cette instabilité institutionnelle paralyse la prise de décisions stratégiques et érode la confiance des partenaires, des joueurs et des supporters. Pour sortir de l’impasse, il est impératif de rétablir une gouvernance transparente et démocratique. Cela implique l’organisation rapide d’élections supervisées par des instances internationales comme la FIFA, avec des candidats irréprochables et un projet clair pour le football haïtien.
Relancer l’ensemble du système de compétitions est tout aussi crucial. Le championnat « spécial » actuel, bien que pragmatique, ne saurait remplacer un écosystème sportif complet, incluant toutes les divisions et les compétitions juniors. La FHF doit travailler à la réintroduction progressive de la Deuxième Division et des championnats de jeunes, tout en mobilisant des sponsors et des partenaires pour garantir leur viabilité. Un financement pérenne et responsable est essentiel pour soutenir ces initiatives. Cela pourrait inclure des partenariats public-privé, des subventions internationales et une meilleure gestion des fonds alloués au football, avec une transparence rigoureuse pour éviter tout détournement.
Enfin, le football haïtien doit redevenir un vecteur d’espoir et de cohésion sociale. Dans un pays où les crises s’accumulent, le sport peut jouer un rôle fédérateur, en offrant aux jeunes une alternative à la violence et à la précarité. Des programmes socio-éducatifs, intégrant le football comme outil de développement, pourraient être mis en place pour redonner du sens à cette discipline.
Le chemin sera long et semé d’embûches, mais le football haïtien a déjà prouvé sa résilience par le passé. En conjuguant sécurité, gouvernance saine, compétitions dynamiques et financement durable, Haïti peut non seulement sauver son football, mais en faire un symbole de renaissance nationale. L’heure est à l’action : joueurs, dirigeants, supporters et autorités étatiques doivent s’unir pour écrire un nouveau chapitre glorieux pour le football haïtien.
Mardoché d’Aout