Dans un tournant surprenant dans les relations internationales, le président américain Donald Trump a entamé des discussions avec la Russie sur un possible accord de paix concernant la guerre en Ukraine. Ce rapprochement pourrait marquer un tournant dans la diplomatie mondiale, avec des conséquences non seulement sur le conflit en Ukraine et la coopération des États-Unis avec les européens, mais aussi sur les relations économiques entre Moscou et Washington. L’initiative du président américain soulève des interrogations, notamment sur la manière dont elle pourrait se dérouler sans la présence des Ukrainiens à la table des négociations. Depuis son élection, Donald Trump disait pouvoir mettre fin à la guerre dans 24 heures sans jamais dire comment.
La rencontre, qui se tient à Riyad, en Arabie saoudite, exclut les représentants ukrainiens et européens, un choix qui pourrait créer un précédent diplomatique inquiétant et influencer à jamais le rapport entre les États-Unis et ses alliés. Alors que le conflit ukrainien dure depuis plus de trois ans, de nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer un accord qui serait négocié sans l’Ukraine, qui devrait être la principale concernée par toute solution durable. De plus, l’UE, un des acteurs clés dans l’aide militaire et économique à l’Ukraine, se trouve également exclue, soulevant des préoccupations sur l’impact de cette décision sur l’unité occidentale face à la Russie. Alors que le secrétaire d’État Marco Rubio entame les discussions avec son homologue russe Sergueï Lavrov, le président français Emmanuel Macron a rencontré les dirigeants de pays membres de l’UE et ses alliés de l’OTAN dont le Canada pour discuter d’une position commune à adopter face aux actions de Trump.
Des observateurs craignent qu’un accord sur la guerre en Ukraine ne bénéficie davantage à la Russie qu’à l’Ukraine, renforçant ainsi la position de Vladimir Poutine sans prendre en compte les intérêts ukrainiens. Pour certains analystes, un tel accord pourrait également miner les efforts diplomatiques européens visant à contraindre Moscou à respecter l’intégrité territoriale de l’Ukraine.
En revanche, ce rapprochement entre les États-Unis et la Russie pourrait redéfinir la géopolitique mondiale. Une telle évolution ne manquerait pas d’avoir des répercussions dans d’autres régions du monde comme le moyen Orient qui continue d’être un véritable problème que les Américains doivent gérer pour protéger Israël, son véritable allié et protégé dans la région.
Face à une possibilité de rapprochement entre les États-Unis et la Russie, Haïti pourrait aussi tirer parti de cette nouvelle dynamique pour remettre la crise haïtienne sur le devant de la scène internationale. Haïti traverse depuis longtemps une crise sécuritaire sans précédent. Depuis septembre 2024, le pays a sollicité la transformation de la mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS) en une force onusienne, une proposition systématiquement rejetée par la Russie et la Chine.
Ces initiatives, portées par les États-Unis et l’Équateur, soulignent des défis majeurs, tels que le financement insuffisant pour soutenir les forces sur le terrain et l’incapacité de ces dernières à utiliser certains moyens et armes nécessaires à l’éradication des gangs, en raison des contraintes liées à leur statut. Par ailleurs, les démarches ont été régulièrement bloquées par les vetos russes et chinois au sein du Conseil de sécurité des Nations unies sous l’administration Biden.
Cependant, avec la possibilité d’un rapprochement entre Moscou et Washington, cette proposition pourrait désormais gagner du terrain. La Russie, qui s’opposait fermement à l’idée d’une mission de l’ONU en Haïti, pourrait revoir sa position à la lumière de nouvelles négociations avec les États-Unis. Bien que Marco Rubio n’a pas encore repris le dossier d’Haïti au département d’État, on sait cependant que régler la crise haïtienne fait partie de ses priorités comme il l’a mentionné lors de son passage en République dominicaine.
Un changement de position entre Russes et Américains pourrait offrir à Haïti une chance unique d’obtenir l’aide internationale nécessaire pour faire face à ses multiples crises politiques et sécuritaires. Ce faisant, Haïti devrait rapidement prendre l’initiative de discuter avec ses partenaires internationaux afin de relancer ses demandes et ses besoins en matière d’appui à la sécurité dans un contexte où plus de 80% de la zone métropolitaine de Port-au-Prince est sous le contrôle des gangs armés.
Il devient donc de plus en plus crucial pour les autorités haïtiennes de revitaliser leur diplomatie afin de défendre avec fermeté les intérêts du pays. Haïti devra non seulement suivre de près les évolutions du paysage géopolitique mondial, mais aussi se préparer à engager des négociations complexes dans un monde de plus en plus multipolaire, où les alliances et les rapports de force évoluent constamment.
Josué Sénat
M.A Politologue, Internationaliste