Haïti, jadis perle des Antilles, se trouve aujourd’hui au bord de l’effondrement total. Une dislocation profonde ronge le cœur même de l’État : gouvernance en lambeaux, institutions déstabilisées, et un appareil de sécurité totalement dépassé. Ce qui subsiste n’est plus qu’une silhouette vacillante d’un pays en agonie, abandonné à l’ombre des promesses non tenues et des trahisons répétées.
La gouvernance haïtienne n’a jamais été aussi fracturée. L’État, impuissant et silencieux, regarde la souveraineté nationale se désintégrer jour après jour, pendant que des groupes armés imposent leur loi dans la capitale comme dans les provinces. Ministères fantômes, administration publique dysfonctionnelle, absence de leadership légitime, clientélisme érigé en système : le pays est pris en otage par des intérêts obscurs, pendant que la majorité de la population ploie sous le poids de la misère, de la peur et du désespoir.
Les systèmes de sécurité, autrefois garants de l’ordre public, ont sombré dans l’impuissance et la fragmentation. La Police Nationale d’Haïti, sous-équipée, sous-payée et souvent infiltrée, lutte pour survivre face à des bandes lourdement armées et organisées. Les commissariats sont assiégés ou abandonnés, les routes nationales sont devenues des corridors de l’horreur, et la population est laissée à elle-même, prise entre les feux croisés de l’inaction étatique et de la barbarie des gangs.
Ce chaos ne s’est pas installé par hasard. Il est le fruit amer d’années de mauvaise gouvernance, de corruption endémique, d’ingérences étrangères mal orientées, d’élites économiques sans vision nationale et d’un système éducatif sacrifié. Les citoyens ne croient plus en rien. Ils n’ont plus foi ni en leurs dirigeants, ni en leurs institutions. Le contrat social est rompu. Le pays semble flotter sans capitaine dans une mer agitée, sans boussole, sans horizon.
Pourtant, au milieu de cette obscurité, il reste une lumière. Une volonté. Celle du peuple haïtien. Un peuple debout malgré les ruines. Un peuple qui, génération après génération, continue de rêver d’un avenir meilleur, de croire en une Haïti reconstruite, fière et digne.
Il est temps, plus que jamais, de sonner le réveil collectif. De rebâtir, pierre par pierre, les fondations de notre État. De refonder la gouvernance sur l’intégrité, la compétence, la transparence. De repenser entièrement le système de sécurité, en plaçant l’humain, la justice et la protection des plus vulnérables au centre des priorités. Il faut un sursaut. Une union sacrée. Un nouveau pacte national.
Haïti ne mourra pas. Haïti renaîtra, non pas à travers des discours creux ou des interventions superficielles, mais par une prise de conscience profonde, une révolution éthique et un leadership visionnaire. C’est dans la douleur que naissent les renaissances. Que ce chaos marque la fin d’un cycle pour ouvrir la voie à une nouvelle ère : celle d’un Haïti gouverné avec dignité, sécurité et espoir.
JGD