Fille d’historien, Gusti-Klara Gaillard est l’une des figures majeures de la recherche historique en Haïti. Spécialiste des relations franco-haïtiennes et de la dette de l’indépendance, elle a récemment été nommée le 17 avril 2025 comme co-présidente de la commission franco-haïtienne, chargée d’étudier l’impact de l’indemnité imposée par la France en 1825. Elle incarne la rigueur scientifique et la mémoire critique d’un passé encore douloureux. À la croisée de l’héritage familial et de l’engagement académique, son parcours force le respect.
Un héritage familial prestigieux
Née en 1959 à Port-au-Prince, Gusti-Klara Gaillard est issue d’une famille d’intellectuels. Son père, l’historien Roger Gaillard (1923-2000), est reconnu pour ses ouvrages majeurs sur l’occupation américaine d’Haïti entre 1915 et 1934. Sa mère, Hedwig Kladekova-Gaillard (1928-2008), d’origine bulgare, dirigea l’Institut culturel haïtiano-allemand à Port-au-Prince. Son frère, Micha Gaillard, universitaire et militant politique engagé, est décédé tragiquement lors du séisme du 12 janvier 2010.
Une carrière bâtie sur la rigueur et la constance
Gusti-Klara Gaillard poursuit des études d’histoire et soutient en 1991 une thèse de doctorat à l’université Paris-VIII, intitulée « Les ressorts des intérêts français en Haïti (1918-1941) », sous la direction de Jacques Thobie. En 2015, elle obtient son habilitation à diriger des recherches à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, avec un mémoire portant sur « Haïti-France : une pratique de relations inégales aux XIXe et XXe siècles. Économie, politique, culture » (source : IdRef.fr).
Une enseignante et chercheuse influente
Depuis 1988, Gusti-Klara Gaillard est professeure à l’École Normale Supérieure de l’Université d’État d’Haïti (UEH), où elle a également siégé au Conseil scientifique de 2018 à 2022. Elle dirige actuellement la Fondation Roger Gaillard, son père, tout en étant membre de la Société Haïtienne d’Histoire, de Géographie et de Géologie. Elle a notamment coordonné les concours de 2015, 2017 et 2019 du Prix de la Société Haïtienne d’Histoire en partenariat avec la FORG.
Un engagement académique ancré dans l’histoire de la dette
Dès son mémoire de maîtrise, primé en 1988 par la Société Haïtienne d’Histoire, Gusti-Klara Gaillard s’intéresse à la dette extérieure haïtienne avec une étude intitulée:« L’expérience haïtienne de la dette extérieure ou une production caféière pillée (1875-1915) ». Ce travail annonce la suite de ses recherches centrées sur les rapports asymétriques entre Haïti et la France.
Une nomination internationale marquante
En avril 2025, le président Emmanuel Macron annonce la création d’une commission mixte franco-haïtienne pour étudier l’impact de l’indemnité imposée par la France à Haïti en 1825. Gusti-Klara Gaillard est nommée co-présidente de cette commission aux côtés de l’historien français, Yves Saint-Geours. Cette nomination vient consacrer une carrière marquée par la rigueur scientifique et la défense d’une mémoire collective.
Elle est une voix respectée dans le monde intellectuel haïtien. « Elle est respectée de ses collègues autant que des étudiants pour son intégrité et ses hautes valeurs morales », témoigne Michèle Pierre-Louis, ancienne Première ministre d’Haïti, rapporte le journal Le Monde.
Par son parcours, Gusti-Klara Gaillard incarne une génération d’intellectuels engagés, soucieux de revisiter l’histoire pour mieux construire l’avenir.