Alors que la situation en Haïti ne cesse de se détériorer sur les plans sécuritaire, politique et institutionnel, le gouvernement semble évoluer dans une posture d’attentisme, incapable de prendre des décisions fortes pour inverser la tendance. Entre la nomination tardive des nouveaux Directeurs Généraux, l’annonce controversée du carnaval en pleine crise, et un Conseil des ministres sous haute pression, les attentes de la population sont grandes, mais l’espoir diminue. Environ dix (10) mois après leur installation, les membres du Conseil présidentiel de Transition tardent toujours à imprimer leur marque.
Des nominations qui tardent.
L’absence de nomination des nouveaux Directeurs Généraux dans plusieurs institutions clés de l’État illustre l’immobilisme du gouvernement. Ces postes, pourtant stratégiques pour la gestion des affaires publiques, restent vacants ou occupés par des responsables en intérim sans réels pouvoirs d’action. Ce retard s’explique t-il par des luttes d’influence en coulisses ou une incapacité à trouver des profils compétents et consensuels ? Quoi qu’il en soit, cette situation participe à la paralysie des institutions et accentue le sentiment de vide au sommet de l’État.
*Un carnaval annoncé en pleine crise : un choix irresponsable.*
Alors que les gangs étendent leur contrôle sur une grande partie du territoire et que des milliers de citoyens vivent dans la peur et le déplacement forcé, l’annonce de l’organisation du carnaval, d’un budget de près de 4 millions de dollars américains, a de quoi surprendre. Comment justifier un tel événement festif alors que les institutions de l’État sont en lambeaux et que la violence fait rage ? N’y a-t-il pas d’autres priorités plus urgentes, comme la stabilisation sécuritaire ou la reconstruction des services publics effondrés ? Cette décision envoie un signal troublant sur les priorités du gouvernement, au risque d’accentuer la défiance populaire.
Un Conseil des ministres sous pression : quelles décisions face aux gangs et à la transition ?
Ce mercredi, un Conseil des ministres crucial est attendu avec impatience par la population. Deux dossiers brûlants sont sur la table : la lutte contre les gangs et la nomination des Directeurs Généraux. Les Haïtiens veulent des mesures concrètes, un plan d’action réaliste et une volonté politique ferme pour reprendre le contrôle du pays. Or, jusqu’à présent, la réponse de l’État face aux groupes armés s’est révélée inefficace, oscillant entre annonces floues et interventions policières limitées. Si ce Conseil des ministres ne débouche pas sur des décisions fortes, il risque de creuser encore plus le fossé entre le gouvernement et une population qui ne croit plus aux promesses.
Quel avenir pour la transition ?
L’une des grandes attentes concerne aussi l’avenir de la transition politique. Comment sortir du blocage actuel et avancer vers des élections crédibles ? Quels mécanismes mettre en place pour restaurer la confiance dans les institutions ? Jusqu’ici, la transition semble piétiner, sans feuille de route claire ni consensus sur la manière de rétablir un minimum de gouvernance efficace.
Si le gouvernement ne change pas rapidement de cap, il risque de s’enliser dans une gestion chaotique et d’aggraver la crise. Le statu quo n’est plus une option : la population attend des actions concrètes et immédiates pour restaurer la sécurité, relancer les institutions et tracer une voie crédible vers des élections libres et inclusives. L’heure est à la responsabilité.