Un an après l’installation du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) dresse un bilan accablant de la gestion financière de la transition. Entre rémunérations somptuaires, frais de mission astronomiques et une absence totale de contrôle, le CPT est accusé de piller les caisses de l’État, au détriment des besoins urgents de la population.
Rémunérations et avantages indécents
Selon le rapport du RNDDH publié le 25 avril 2025, les membres du CPT s’octroient des indemnités mensuelles exorbitantes, totalisant 10 000 000 de gourdes par personne. Ce montant comprend un salaire de base de 225 000 gourdes, des frais de fonctionnement de 75 000 gourdes, des frais de deuxième résidence de 400 000 gourdes, une carte de téléphonie de 500 000 gourdes, des frais de renseignement de 4 500 000 gourdes, des frais de carburant de 300 000 gourdes, une carte de débit de 2 500 000 gourdes, des frais pour conjoint.e de 500 000 gourdes, des frais pour remplir le réfrigérateur de 75 000 gourdes, et des frais de nourriture s’élevant à 925 000 gourdes. À cela s’ajoutent chaque mois 3 500 000 gourdes destinées au financement du petit-déjeuner et du lunch des membres du CPT. En outre, pour les fêtes patronales et autres célébrations, chaque membre a reçu des primes spéciales allant de 3 000 000 à 5 000 000 de gourdes.
Un coût total astronomique : entre voyages fastueux et délégations pléthoriques
Le RNDDH estime que chaque mois, les membres du CPT coûtent 93 500 000 gourdes à l’État haïtien, soit un total annuel de 1 122 000 000 gourdes. Ces dépenses somptuaires sont dénoncées comme un véritable « pillage des caisses publiques », en pleine crise socio-économique.
Outre les dépenses courantes, les membres du CPT multiplient les voyages à l’étranger, avec des frais de représentation de 5 000 dollars américains par déplacement et des nuitées facturées à 1 000 dollars américains. Les déplacements s’accompagnent souvent de délégations comptant parfois jusqu’à 15 personnes, dont les frais de transport, d’hébergement et de restauration sont également pris en charge par l’État haïtien. Le rapport du RNDDH souligne le caractère souvent injustifié de ces voyages, sans retombées concrètes pour le pays.
L’Organe de Contrôle de l’Action Gouvernementale (OCAG), prévu par l’accord politique du 3 avril 2024, n’a jamais été mis en place. Cette absence de contrôle permet au CPT et au gouvernement de gérer les finances publiques en toute opacité, ouvrant la voie à tous les abus.
Une transition qui enfonce Haïti davantage
Plus d’un million de déplacés internes, plus de 5,7 millions de personnes en insécurité alimentaire, plusieurs communes et quartiers tombés sous la férule des gangs armés. Pourtant, la mission du CPT était claire : rétablir la sécurité, améliorer les conditions de vie, organiser un référendum pour le changement de la constitution et organiser des élections. Le constat est amer : la transition ne délivre pas la marchandise.