Port-au-Prince, 14 juillet 2025— À l’occasion de la fête nationale française, l’Ambassade de France en Haïti a organisé une réception à l’Hôtel Montana, rassemblant un large éventail de personnalités du monde diplomatique, politique, économique et social haïtien.
La cérémonie s’est déroulée en présence de l’ambassadeur Antoine Michon, de membres du corps diplomatique, de représentants d’organisations internationales, ainsi que de figures haïtiennes de premier plan.
Le président du Conseil présidentiel de transition (CPT), Fritz Alphonse Jean, a pris part à la célébration, accompagné des Conseillers-présidents Edgard Leblanc Fils, Leslie Voltaire, Laurent Saint-Cyr et Frinel Joseph, ainsi que du ministre des Affaires étrangères et des Cultes, Jean Harvel Victor Jean Baptiste.
Dans son allocution, le chancelier Jean Baptiste a rappelé la portée historique du 14 juillet, soulignant qu’il symbolise la lutte victorieuse du peuple français contre les inégalités sociales, mais aussi l’héritage de liberté insufflé par la Révolution française. Il a évoqué l’influence directe de cette révolution sur la révolte des esclaves dans la colonie de Saint-Domingue, aboutissant à la proclamation, le 1er janvier 1804, de la première République noire indépendante.
Le ministre a également mis en lumière les liens d’amitié entre Haïti et la France, tout en rappelant les injustices historiques dont Haïti a été victime, en particulier la rançon de l’indépendance imposée par l’ordonnance du roi Charles X en 1825. À l’occasion du bicentenaire de cette ordonnance, il a cité un extrait du discours prononcé par le président Emmanuel Macron le 17 avril dernier, dans lequel il reconnaît que cette ordonnance « avait soumis le peuple d’Haïti à une très lourde indemnité financière et l’avait confronté… dès sa constitution à la force injuste de l’histoire. »
À ce titre, le chancelier a salué la création prochaine d’une Commission mixte franco-haïtienne sur la dette, chargée d’enquêter et de formuler des recommandations pour tourner cette page sombre de l’histoire commune et renforcer la coopération entre les deux pays, dans l’esprit des valeurs partagées par leurs ancêtres.
Il a par ailleurs exprimé sa gratitude envers la France pour son appui dans le domaine de la sécurité, notamment à travers la formation d’un contingent d’une vingtaine de soldats haïtiens à la Martinique.
Mais cette célébration intervient dans un contexte difficile. Haïti est en proie à une crise multidimensionnelle dont les effets sont aggravés par une gouvernance défaillante, la corruption et les luttes de pouvoir au sein du Conseil présidentiel de transition.
Plusieurs partenaires internationaux, dont la France, tentent de soutenir le pays, mais les progrès restent fragiles. Les diplomates étrangers, de plus en plus réservés, évitent les apparitions publiques aux côtés des dirigeants haïtiens, alors même que le pays a un besoin urgent de stabilité et de soutien.
À quelques mois de l’échéance du mandat du CPT le 7 février 2026, des voix s’élèvent pour réclamer son départ et la mise en place d’un gouvernement plus crédible, à même d’enrayer la crise qui paralyse Haïti.
Josué Sénat