Face au Groupe des pays amis d’Haïti, réuni à Washington sous l’égide de l’Organisation des États Américains (OEA), le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé a détaillé, ce 27 août 2025, les priorités de son gouvernement pour sortir le pays de la crise. Sécurité, gouvernance, élections et relance économique : une feuille de route « réaliste » selon lui, qui devra bénéficier du soutien de la communauté internationale.
Le Premier ministre haïtien, Alix Didier Fils-Aimé, est intervenu ce mercredi devant le Groupe des pays amis d’Haïti, lors d’une réunion convoquée par le secrétaire général de l’OEA, Albert Ramdin. D’entrée de jeu, le chef du gouvernement a salué « un signe d’amitié et une source d’espoir » que représente cette mobilisation internationale en faveur d’Haïti dans une période critique de son histoire.
Le document au cœur des discussions, intitulé « Vers une feuille de route dirigée par Haïti pour la stabilité et la paix », s’articule autour de cinq piliers, dont la sécurité, que le Premier ministre considère comme « l’urgence absolue ». Il a annoncé la reprise du contrôle du centre administratif de Port-au-Prince et la libération progressive des axes routiers stratégiques, ainsi que la modernisation de la Police nationale d’Haïti (PNH) et des Forces armées (FAD’H). Dans ce cadre, il plaide pour une levée ciblée de l’embargo sur les armes, afin de permettre aux forces de sécurité de s’équiper efficacement.
M. Fils-Aimé a, également, insisté sur la nécessité d’une coopération internationale accrue pour endiguer le trafic d’armes et de munitions alimentant les gangs. La sécurisation des frontières, ports et aéroports figure aussi parmi les priorités, tout comme la réinsertion des enfants enrôlés par les groupes armés.
Au plan politique, le chef du gouvernement a réaffirmé l’engagement du Conseil Présidentiel de Transition à favoriser un large consensus autour de l’Accord du 3 avril 2024. Réformes de la justice, lutte contre la corruption et renforcement de l’État de droit doivent, selon lui, bénéficier d’un appui soutenu des partenaires internationaux.
Côté électoral, le Premier ministre a rappelé que le Conseil Électoral Provisoire dispose déjà de plus de 85 % de centres de vote prêts, avec 70 % du personnel mobilisé et un financement national de 65 millions de dollars. Il sollicite cependant un appui technique et logistique supplémentaire pour garantir un scrutin inclusif et sécurisé.
Le tableau social, lui, reste préoccupant : insécurité alimentaire, hôpitaux dysfonctionnels, écoles détruites et milliers de déplacés internes. Le gouvernement affirme avoir apporté une aide à 200 000 familles, tout en appelant à un soutien humanitaire renforcé et mieux orienté vers des solutions durables, notamment dans l’agriculture et les PME.
Sur le plan économique, Haïti enregistre une septième année consécutive de récession. Malgré un programme soutenu par le FMI, le secteur privé est fragilisé et les prix flambent. Le Premier ministre mise sur le développement du Grand Nord et du Grand Sud, en investissant dans des filières stratégiques telles que l’agro-industrie, le textile, le tourisme et les énergies renouvelables.
En conclusion, Alix Didier Fils-Aimé a appelé à la création d’un comité mixte, associant experts haïtiens et de l’OEA, pour finaliser la feuille de route. « Ce qui est en jeu aujourd’hui, ce sont 12 millions de vies à protéger », a-t-il déclaré, présentant le document comme un possible « catalyseur pour Haïti » et un signal fort de l’engagement régional en faveur de la paix et de la démocratie.
La rédaction


