Par Jean Venel Casséus
L’industrie musicale vit une mutation spectaculaire avec l’ascension de Xania Monet, un projet artistique conçu par la poétesse et entrepreneure Telisha “Nikki” Jones. Installée dans le Mississippi, Jones a utilisé l’outil d’intelligence artificielle Suno pour transformer ses poèmes en chansons, donnant naissance à une artiste virtuelle dont l’impact dépasse aujourd’hui les frontières du simple expérimentalisme technologique.
Plusieurs titres générés sous l’identité de Xania Monet ont rapidement attiré l’attention du public. Son morceau « How Was I Supposed to Know? » est devenu le premier titre interprété par une voix entièrement générée par IA à entrer dans un classement du Billboard, notamment le Adult R&B Airplay. D’autres chansons comme « Let Go, Let God » ou encore « I Asked for So Little » se sont également distinguées sur les plateformes, contribuant à installer le projet dans le paysage musical contemporain.
Cette présence dans des charts grand public est un événement inédit : jamais un artiste entièrement généré ou co-généré par IA n’avait atteint une telle visibilité. Pour de nombreux observateurs, ce moment constitue un jalon majeur dans la relation entre création artistique et technologies émergentes.
L’attention suscitée par ce phénomène n’a pas tardé à attirer l’intérêt des maisons de disques. Plusieurs médias américains rapportent qu’une véritable bataille d’enchères s’est engagée autour du projet, avant que la chanteuse virtuelle ne signe avec Hallwood Media. Le contrat obtenu par Jones, créatrice et propriétaire du concept, atteindrait plusieurs millions de dollars, une somme exceptionnelle dans un domaine où les artistes virtuels étaient jusqu’ici considérés comme des expériences marginales.
Contrairement à une chanteuse traditionnelle, Xania Monet n’existe ni sur scène ni en studio. Les textes sont écrits par Jones, qui façonne l’univers littéraire, émotionnel et visuel du personnage. Les mélodies et l’interprétation vocale, elles, sont générées par Suno : une IA capable de produire une performance complète à partir de simples directives. L’artiste virtuelle devient ainsi l’incarnation numérique de la poésie de Jones, réinventée en œuvre musicale.
Pour ses défenseurs, cette réussite ouvre un espace inédit pour les auteurs qui n’ont pas accès aux grands réseaux de production. Pour ses détracteurs, elle soulève des interrogations urgentes sur la propriété intellectuelle, la concurrence avec les artistes humains et la place de la créativité dans un marché bouleversé par les algorithmes.
Réveillez-vous : une ère nouvelle vient de s’ouvrir dans l’industrie musicale. Une ère où la plume reprend le premier rôle. C’est peut-être l’avènement du temps béni des paroliers.
Albany, NY


