WASHINGTON.— Alors que le gouvernement fédéral demeure paralysé depuis plus d’un mois, les négociations semblent enfin déboucher sur un accord permettant de rouvrir progressivement l’administration. Un vote décisif est attendu au Sénat, ouvrant la voie à une sortie de crise délicate et partielle.
Le blocage budgétaire qui paralyse l’État fédéral américain depuis plus de cinq semaines pourrait toucher à sa fin. Selon plusieurs sources au Congrès, un accord bipartisan est en voie de finalisation au Sénat, où un vote est prévu dans les jours à venir. Il s’agirait de la première avancée significative depuis le début du shutdown, désormais considéré comme le plus long de l’histoire des États-Unis.
Un accord pour rouvrir les agences fédérales au moins temporairement
Le compromis en discussion combinerait l’adoption de trois lois de financement annuelles, permettant de remettre en fonction une partie des agences fédérales, et un texte de financement provisoire (dit stop-gap) prolongeant le fonctionnement d’autres services jusqu’à janvier 2026. Cette solution hybride viserait à arrêter l’hémorragie, le shutdown ayant déjà coûté plusieurs milliards de dollars à l’économie américaine et compromis des programmes sociaux essentiels.
«La dynamique a changé», a déclaré le leader républicain au Sénat, John Thune, laissant entendre qu’un terrain d’entente avait enfin émergé après des semaines de blocage politique.
Le point de friction: la santé publique
L’accord reste toutefois fragile. Il ne prévoit pas pour l’instant la prolongation des subventions fédérales destinées à réduire le coût des assurances médicales dans le cadre de la Affordable Care Act (ACA).
Les élus démocrates considèrent ce point non négociable, tandis que plusieurs républicains y voient une expansion budgétaire injustifiée.
Cette divergence pourrait encore ralentir l’avancée du compromis, d’autant que la Chambre des représentants, conduite par le président républicain Mike Johnson, devra également l’approuver. Et la Chambre ne reprendra ses sessions qu’après sa pause en cours.
Des conséquences sociales et économiques lourdes
Pendant ce temps, les effets de la paralysie gouvernementale continuent de se faire sentir:
Des centaines de milliers de fonctionnaires sont soit en congé forcé, soit obligés de travailler sans rémunération.
Les services publics essentiels, dont les contrôleurs aériens, fonctionnent sous tension, provoquant retards et risques logistiques.
Les programmes d’aide alimentaire, dont le SNAP, sont en situation de vulnérabilité budgétaire.
Les parcs nationaux, les tribunaux fédéraux et les services consulaires tournent au ralenti.
Pour de nombreuses familles modestes, la situation devient critique. Dans plusieurs États, des banques alimentaires rapportent une hausse des demandes d’aide d’urgence.
Un soulagement, mais loin d’être une résolution durable
Si l’accord est adopté, la réouverture du gouvernement ne serait que partielle et temporaire pour certains secteurs. L’affrontement politique sur le financement des priorités nationales, notamment la santé publique, pourrait resurgir dès le début de l’année 2026.
En d’autres termes, la crise institutionnelle est peut-être près d’être suspendue, mais elle n’est pas résolue.
Les États-Unis semblent s’acheminer vers une sortie contrôlée du shutdown, grâce à un compromis obtenu au Sénat. Mais la bataille politique autour du budget fédéral, de la santé et de l’orientation des dépenses publiques devrait se poursuivre dans les semaines à venir.
Source : RFI
Jean Mapou


