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OFATMA–UEH : un tournant historique pour la couverture médicale des étudiants haïtiens

Par Jean Wesley Pierre

Port-au-Prince, le 10 novembre 2025 – Une nouvelle page s’ouvre pour la jeunesse universitaire haïtienne. Pour la première fois dans l’histoire du pays, les étudiants de l’Université d’État d’Haïti (UEH) bénéficieront d’une assurance santé formelle grâce à un accord signé entre l’Office d’Assurance Accidents du Travail, Maladie et Maternité (OFATMA) et l’UEH. Cette initiative, saluée par les observateurs du secteur social, marque une avancée majeure dans l’extension de la protection médicale en Haïti.

La cérémonie de signature, tenue la semaine dernière, a réuni plusieurs hauts responsables, dont le ministre des Affaires sociales et du Travail, M. Georges Wilbert Franck, le directeur général de l’OFATMA, l’ingénieur-agronome Vikerson Garnier, et le recteur de l’UEH, M. Dieuseul Prédélus. À travers ce protocole d’accord, l’OFATMA s’engage à offrir aux étudiants une couverture d’assurance santé complète, incluant les soins médicaux, la prise en charge en cas d’accident et un accompagnement social adapté à leurs besoins.

Pour l’UEH, cet accord représente bien plus qu’un simple partenariat administratif : il s’agit d’un outil d’inclusion sociale et d’un levier concret de soutien à la réussite académique.

« Ce programme traduit notre volonté commune d’améliorer les conditions de vie des étudiants et de réduire les obstacles à l’accès aux soins », a souligné le recteur Prédélus, insistant sur la portée symbolique et pratique de cette initiative.

Le lancement du programme s’inscrit dans une stratégie gouvernementale de renforcement des filets sociaux, visant à rendre la santé publique plus inclusive.

Dans un pays où une large frange de la population active, notamment les jeunes, reste en dehors de tout système de protection sociale, cette mesure constitue un signal fort en faveur d’une politique publique plus équitable.

Le ministre Georges Wilbert Franck a salué « un pas décisif vers la démocratisation de l’accès à la santé », tout en appelant les autres institutions publiques à suivre cet exemple.

De fait, le partenariat entre l’OFATMA et l’UEH est déjà perçu comme un modèle de coopération interinstitutionnelle, conciliant mission publique et responsabilité sociale.

Pour le directeur général de l’OFATMA, Vikerson Garnier, ce projet illustre la volonté de son institution « d’innover dans ses interventions et d’élargir la protection sociale au profit de la jeunesse, pilier du développement national ».

Depuis plusieurs années, l’OFATMA s’efforce de moderniser ses services et d’étendre sa couverture à de nouveaux groupes : enseignants, travailleurs informels, agriculteurs, et désormais, étudiants.

Cette dynamique traduit une approche plus intégrée de la sécurité sociale, où la santé n’est plus considérée comme un privilège, mais comme un droit fondamental.

La mise en œuvre de ce programme devrait permettre à plusieurs milliers d’étudiants de bénéficier d’une couverture médicale fiable, allégeant ainsi le poids économique des soins sur leurs familles.

Au-delà de la portée immédiate de l’accord, cette initiative soulève une question plus large : celle de la reconstruction d’un État social en Haïti.

Dans un contexte de crises économiques et institutionnelles, où les inégalités se creusent, la signature d’un tel partenariat démontre qu’il est encore possible de bâtir des politiques publiques efficaces, fondées sur la solidarité nationale.
En s’alliant à une institution aussi stratégique que l’UEH, cœur de la formation des élites intellectuelles du pays, l’OFATMA pose un acte politique fort : celui de réconcilier le social et l’éducatif, le soin et le savoir.

L’assurance santé étudiante devient ici non seulement un instrument de protection, mais aussi un symbole d’espoir et de dignité pour une génération souvent laissée à la marge des priorités nationales.

Si ce programme parvient à démontrer son efficacité en termes de qualité des services, de rapidité de prise en charge et de transparence administrative il pourrait servir de modèle pilote pour d’autres établissements d’enseignement supérieur, publics comme privés.

Plusieurs observateurs estiment qu’une telle extension contribuerait à réduire les inégalités structurelles dans l’accès à la santé et à renforcer la confiance des citoyens envers les institutions publiques.

En définitive, l’accord OFATMA–UEH n’est pas une simple mesure administrative : il incarne une vision sociale du développement, fondée sur la solidarité, l’équité et la responsabilité publique. En garantissant aux étudiants une protection médicale digne de ce nom, Haïti franchit une étape vers un État plus protecteur et inclusif, où la jeunesse, souvent vulnérable, est enfin placée au cœur des politiques nationales.

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