PORT-AU-PRINCE.— Le spectre du choléra plane à nouveau sur Haïti. Plusieurs cas suspects confirmés ont été recensés dans la région métropolitaine de Port-au-Prince et dans certains départements, notamment l’Ouest et le Centre, poussant les autorités sanitaires à activer un plan national de réponse.
Selon, Bertrand Sinal, le ministère de la Santé publique et de la Population (MSPP), cette recrudescence de cas est liée à la dégradation des conditions d’hygiène, à la pénurie d’eau potable et à la crise sécuritaire qui empêche l’accès à certaines zones.
Un plan de riposte réactivé
Face à cette situation, le Dr Gabriel Thimothé, directeur général du MSPP, a convoqué une réunion spéciale au début du mois d’octobre avec les directeurs centraux et la direction départementale de l’Ouest. À l’issue de cette rencontre, un plan de riposte nationale a été adopté.
Ce plan comprend notamment:
le renforcement de la surveillance épidémiologique dans toutes les communes affectées;
la réactivation des Centres de Traitement des Diarrhées Aiguës (CTDA) pour accueillir les cas sévères;
la mise en place de points d’eau chlorée dans les lieux publics;
et une campagne de sensibilisation sur les gestes d’hygiène (lavage des mains, traitement de l’eau, conservation des aliments).
Le ministère appelle à la vigilance et à la collaboration de tous, soulignant que la lutte contre le choléra dépend aussi du comportement individuel et communautaire.
Une recrudescence aggravée par la crise sécuritaire
Les autorités reconnaissent toutefois que la mise en œuvre du plan d’urgence se heurte à des obstacles majeurs. Dans plusieurs quartiers de la capitale, comme Cité Soleil, Dekayet dans le quartier de Carrefour-Feuilles, l’accès des équipes médicales est entravé par la violence armée.
Les organisations internationales, notamment l’Organisation panaméricaine de la santé (OPS/OMS) et l’UNICEF apportent leur appui au MSPP, en soutenant les structures de traitement et en distribuant des kits d’hygiène aux personnes déplacées internes.
D’après les estimations des agences humanitaires, plus de 1 700 cas suspectés ont été enregistrés depuis le début de la résurgence, dont près de la moitié chez des enfants.
Appel à la mobilisation nationale
Alors que le pays fait face à une crise humanitaire complexe, le MSPP exhorte les autorités locales, les organisations communautaires et la population à adopter des comportements préventifs. «La prévention reste notre première ligne de défense», rappelle le Dr Thimothé, qui insiste sur la nécessité de garantir l’accès à l’eau potable et à des infrastructures sanitaires fonctionnelles.
La résurgence du choléra, près de dix ans après sa disparition officielle, rappelle la fragilité du système de santé haïtien et l’urgence d’un effort collectif pour éviter une nouvelle catastrophe sanitaire.
Jean Mapou


