Le Burger Week s’impose désormais comme un rituel gourmand en Haïti. Chaque année, malgré l’instabilité et l’insécurité, les restaurants de la capitale rivalisent de créativité pour proposer le « meilleur burger » du moment. Et le public répond présent. Les files devant certains établissements et l’activité intense sur les réseaux sociaux confirment que la tradition s’installe, même dans un contexte difficile.
Pourtant, ce succès soulève une question : pourquoi un événement autour du burger — produit importé et symbole de culture mondialisée — parvient-il à mobiliser autant, alors qu’aucun festival d’envergure ne célèbre nos plats identitaires comme le Tonm Tonm, le Lalo, ou encore le Diri Djon Djon ?
La réponse tient à plusieurs facteurs. Le burger se prête bien au marketing moderne : facile à personnaliser, photogénique, il séduit une clientèle urbaine, jeune et connectée. Il attire aussi les sponsors privés et les restaurateurs qui y trouvent un bénéfice commercial direct. À l’inverse, les plats traditionnels exigent une chaîne de production plus locale, moins rentable à court terme, et bénéficient rarement d’un appui institutionnel ou médiatique solide.
La réussite du Burger Week prouve qu’en dépit de la crise, la vie culturelle et gastronomique haïtienne peut encore se réinventer. Mais elle révèle aussi une lacune : l’absence de stratégies pour valoriser nos produits du terroir. Imaginer un « Festival du Tonm Tonm » ou du « Lalo » serait non seulement un hommage à notre patrimoine culinaire, mais aussi une opportunité économique et touristique.
Il est temps que la même énergie, la même créativité et la même volonté qui font le succès du Burger Week soient mises au service de la gastronomie haïtienne authentique. Parce que nos saveurs locales méritent, elles aussi, leur semaine de gloire.
La rédaction


