Par Jean Wesley Pierre
À quatre mois de la fin théorique de son mandat, le Conseil présidentiel de transition (CPT) se retrouve au cœur d’une tempête politique et diplomatique. Sous la pression croissante de la communauté internationale, l’institution censée instaurer la sécurité, remettre Haïti sur les rails démocratiques semble aujourd’hui à bout de souffle, prisonnière de ses contradictions internes, de son opacité et d’une incapacité à poser les jalons d’un véritable retour à l’ordre constitutionnel dans le pays.
Une mise en garde claire de Washington
Dans une vidéo diffusée ce samedi, Henry T. Wooster, chargé d’affaires des États-Unis en Haïti, a lancé un message sans ambiguïté aux autorités de transition. Il appelle le ( CPT ) conseil présidentiel de transition à assumer pleinement ses responsabilités en présentant un plan politique clair, cohérent et assorti d’un calendrier électoral précis.
Cette déclaration n’a rien d’anodin. Elle marque un changement de ton dans la diplomatie américaine, jusque-là prudente vis-à-vis d’un pouvoir qu’elle avait contribué à légitimer. Après dix-huit ( 18 ) mois d’exercice, le ( CPT ) conseil présidentiel de transition n’a toujours pas franchi les étapes clés d’une transition ordonnée : ni loi électorale, ni réforme crédible des institutions.
Pour Washington, le temps presse. Et cette impatience reflète aussi celle des autres partenaires internationaux, notamment le Canada et la CARICOM, qui redoutent qu’Haïti s’enfonce davantage dans une crise sans horizon politique.
La transition en panne de cap
L’incapacité du CPT à formuler une vision politique claire sape la légitimité déjà fragile de la transition. Loin d’incarner le renouveau démocratique promis, le Conseil présidentiel apparaît comme une coalition d’intérêts divergents, où les luttes de position, les calculs électoraux précoces et les rivalités internes paralysent toute initiative structurante.
À quatre mois de la fin de son mandat, aucune feuille de route consensuelle n’a été adoptée. Le vide politique persiste, et la défiance populaire s’accroît.
Dans ces conditions, les pressions de Washington et des bailleurs pourraient bien devenir un catalyseur de rupture : soit le ( CPT ) conseil présidentiel de transition amorce enfin un tournant décisif vers la restauration de la légitimité démocratique, soit il sombrera dans l’oubli, laissant derrière lui un pays encore plus affaibli.
Entre cynisme et espoir
Haïti n’a plus le luxe du temps ni celui de l’improvisation. La transition actuelle ne peut se contenter de discours diplomatiques ou de gestes symboliques. Ce dont le pays a, urgemment, besoin, c’est d’un leadership visionnaire, honnête, intègre et responsable, capable d’articuler une stratégie nationale pour la sécurité, la justice et la gouvernance.
Sans cela, les pressions internationales resteront vaines, et la transition actuelle s’achèvera comme tant d’autres : dans le désenchantement, la méfiance et la continuité du chaos.


