MIAMI.— Deux semaines après un tragique accident sur la Florida Turnpike, la communauté haïtienne de Floride n’a pas de réaction du Consulat général d’Haïti à Miami. Trois citoyens haïtiens: Herby Dufresne (30 ans, Florida City), Faniola Joseph (37 ans, Pompano Beach) et Rodrique Dor (54 ans, Miami), ont perdu la vie dans une collision causée par une manœuvre illégale effectuée par un chauffeur routier sans papiers d’origine indienne, Harjinder Singh.
Selon les premiers éléments de l’enquête, l’accident a été provoqué par un virage interdit à haute vitesse, mettant en lumière les défaillances du système de sécurité routière sur cet axe majeur. Les familles des victimes, profondément choquées, ont exprimé leur douleur et leur incompréhension face à l’inaction des autorités haïtiennes.
Mais au-delà du drame humain, c’est le silence du Consulat haïtien qui alimente aujourd’hui la colère. Aucune déclaration, aucun communiqué de presse, ni même une prise de contact officielle avec les familles endeuillées jusqu’à ce jour. Une absence totale de réaction que beaucoup qualifient de grave manquement aux devoirs consulaires au regard de la Convention de Vienne de 1963.
Un devoir d’assistance non rempli
Cette convention, à laquelle Haïti est signataire, impose aux représentations consulaires d’apporter aide et protection à leurs ressortissants en détresse à l’étranger, en particulier dans les cas de décès, d’accidents graves ou de situations impliquant la justice locale. Dans ce contexte, le silence du Consulat général d’Haïti à Miami est non seulement incompréhensible, mais juridiquement et moralement injustifiable.
«Le minimum aurait été une déclaration officielle de condoléances, un accompagnement administratif pour les familles et une démarche proactive auprès des autorités locales», confie un membre influent de la communauté haïtienne de South Florida. «L’invisibilité du Consulat dans cette affaire crée un précédent dangereux et renforce le sentiment d’abandon qui règne déjà au sein de la diaspora».
Une diaspora en quête de reconnaissance
Ce nouvel épisode jette une lumière crue sur les rapports entre les autorités consulaires haïtiennes et la diaspora, souvent perçus comme distants, déconnectés et inefficaces. Nombre de membres de la communauté haïtienne de Miami estiment que cette tragédie aurait dû susciter une mobilisation immédiate, à la hauteur du choc provoqué.
Face à l’absence d’initiative, les appels se multiplient pour que le Consulat d’Haïti à Miami revoie de toute urgence ses protocoles d’intervention en cas de crise, et assume pleinement son rôle de relais entre les citoyens haïtiens et l’administration centrale.
L’urgence d’un changement
La douleur des familles ne peut être effacée, mais un minimum de solidarité institutionnelle aurait pu offrir un début de réconfort. Il est impératif que le Consulat sorte de son mutisme, prenne ses responsabilités, et rétablisse la confiance de la communauté haïtienne en démontrant qu’il reste une instance de proximité, d’écoute et de protection.
Le temps du silence doit désormais céder la place à celui des actes. La mémoire des victimes, le respect dû à leurs proches, et l’honneur de la nation haïtienne l’exigent.
Jean Mapou
