Par Jean Wesley Pierre
Port-au-Prince, le 26 août 2025-
Alors que la population haïtienne vit toujours au rythme de l’insécurité et de la fragilité institutionnelle, le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé a pris l’avion ce mardi 26 août 2025 pour Washington. Ce déplacement officiel vise à participer à une réunion tripartite réunissant l’Organisation des Nations unies (ONU), la Communauté caribéenne (CARICOM) à travers le groupe des personnalités éminentes (EPG), ainsi que l’Organisation des États américains (OEA).
Au programme de cette rencontre, prévue pour ce mercredi 27 août 2025 : une mise à jour de la feuille de route internationale pour Haïti, avec un suivi assuré par l’OEA, ainsi qu’une réunion du « Groupe des amis d’Haïti », instance diplomatique censée coordonner les appuis multilatéraux.
Entre diplomatie et urgence sécuritaire
La mission du chef du gouvernement s’inscrit dans un contexte où la population exprime une attente pressante en matière de sécurité et de reprise économique. Le Premier ministre a promis, avant son départ, de placer les préoccupations haïtiennes au cœur des échanges : la lutte contre les gangs, le soutien logistique et financier aux forces de sécurité, ainsi que l’assistance humanitaire et sociale.
Cependant, la diplomatie internationale autour d’Haïti n’est pas nouvelle. Depuis plus de deux décennies, le pays est régulièrement au centre de conférences, de résolutions et de promesses d’aide, sans que la situation sur le terrain n’ait connu d’amélioration durable.
Les réunions tripartites ou multilatérales se multiplient, mais elles laissent souvent place à des plans inachevés, freinés par l’instabilité politique interne, la faiblesse des institutions et parfois par le manque de cohérence entre bailleurs et acteurs locaux.
Une feuille de route à préciser
Selon des sources proches de la Primature, cette rencontre pourrait permettre de préciser les mécanismes d’application des engagements pris lors des précédentes conférences régionales et internationales. La question centrale demeure : comment transformer l’appui diplomatique en résultats concrets pour la population haïtienne ?
Les observateurs rappellent que plusieurs initiatives passées de la Mission des Nations unies pour la stabilisation d’Haïti (MINUSTAH) à la Mission intégrée des Nations unies en Haïti (BINUH) ont été critiquées pour leur incapacité à éradiquer les causes profondes de l’instabilité : pauvreté, inégalités sociales, corruption, fragilité institutionnelle.
Entre espoir et scepticisme
La participation du Premier ministre à cette réunion est perçue par certains comme une occasion de repositionner Haïti sur l’agenda international, au-delà de la simple gestion sécuritaire, pour inclure le redressement économique et social. D’autres, plus sceptiques, estiment que ces rencontres ne font que renforcer la dépendance d’Haïti vis-à-vis de partenaires extérieurs, sans favoriser une réelle appropriation nationale des solutions.
Alix Didier Fils-Aimé devrait regagner Port-au-Prince ce jeudi 28 août 2025. Mais d’ici là, l’opinion publique attend de savoir si ce déplacement diplomatique aboutira à plus que des promesses, et surtout, si les prochaines semaines verront une amélioration tangible de la sécurité et des conditions de vie des Haïtiens.