Un document actualisé, fruit d’un travail conjoint entre l’OEA, la CARICOM, l’ONU et les autorités haïtiennes, redéfinit les priorités du pays pour les trois prochaines années. Sécurité, aide humanitaire, gouvernance et relance économique y sont inscrites, avec un budget réévalué à 2,6 milliards de dollars.
Le Secrétaire général de l’Organisation des États américains (OEA), Albert R. Ramdin, a présenté, le 20 août 2025, un nouveau projet de feuille de route destiné à accompagner Haïti dans sa sortie de crise. Préparé en coordination avec les institutions haïtiennes et plusieurs organisations internationales, ce plan propose une vision stratégique et un chiffrage budgétaire détaillé pour la période 2025-2028.
L’initiative repose sur une répartition claire des rôles entre partenaires. L’OEA assurera la coordination générale et la mobilisation des fonds, la Communauté caribéenne (CARICOM) facilitera le dialogue politique, tandis que l’Organisation des Nations unies (ONU) apportera un appui technique et son expérience en matière de maintien de la paix. Le gouvernement haïtien, de son côté, sera appelé à s’approprier le processus et à garantir l’inclusion des acteurs nationaux.
La feuille de route se décline en cinq grands axes. Le premier met l’accent sur la stabilisation sécuritaire : démantèlement des gangs armés, renforcement de la Police nationale et sécurisation des zones stratégiques. Le deuxième est centré sur la réponse humanitaire face à l’urgence alimentaire et sanitaire qui touche des millions de personnes. Le troisième concerne la gouvernance et la recherche de consensus politique afin d’assurer la transition vers des institutions légitimes. Le quatrième est dédié à l’organisation des élections, avec un accompagnement technique du Conseil électoral provisoire et de l’Office national d’identification. Enfin, le cinquième vise à relancer l’économie, notamment par la modernisation de l’agriculture, la création d’emplois et la réhabilitation des infrastructures essentielles.
Le budget global du plan est fixé à 2,6 milliards de dollars. Pour Albert R. Ramdin, l’efficacité du dispositif repose sur la capacité des bailleurs à honorer leurs engagements : « La sécurité et la stabilité d’Haïti nécessitent des moyens conséquents. Sans financement, aucune stratégie ne peut produire de résultats », a-t-il insisté.
Les représentants haïtiens auprès de l’OEA ont salué ce nouveau document tout en soulignant l’importance d’une appropriation nationale. Selon eux, l’avenir du pays ne pourra être garanti que si les solutions proposées sont adaptées aux réalités locales et portées par les Haïtiens eux-mêmes.
Cette présentation survient dans un contexte marqué par l’aggravation de la violence des gangs, qui contrôlent près de 90 % de Port-au-Prince. Plus de 1,3 million de personnes sont déplacées à l’intérieur du pays et les violences armées ont causé plus de 5 600 morts en 2024. Dans ces conditions, la sécurité apparaît comme la condition préalable à tout redressement.
Les prochaines étapes incluront la convocation d’une conférence internationale des donateurs et la mise en place d’un mécanisme de suivi transparent afin de rendre compte de l’utilisation des fonds et des progrès réalisés. Pour les partenaires internationaux, l’urgence est d’éviter un vide institutionnel prévu en février 2026 et de créer les bases d’une transition durable.
La rédaction