ASUNCION, Paraguay.— Quand un peuple traverse les ténèbres, il arrive qu’une étincelle suffise à rallumer l’espérance. Aux Jeux panaméricains de la Jeunesse, cette étincelle s’appelle Ava Lee, et son éclat est fait d’or. La jeune taekwondoïste haïtienne est entrée dans l’histoire en décrochant la toute première médaille d’or panaméricaine pour son pays, inscrivant son nom au panthéon du sport national.
Sur le tatami paraguayen, Ava Lee a démontré une maturité impressionnante. Son entrée en lice fut sans appel : victoire 2-0 contre la Portoricaine Valeria López, sans concéder le moindre point. En demi-finale, elle récidive face à l’Équatorienne Matvelin Espinoza, gérant le combat avec calme et précision.
En finale, face à la Mexicaine Paloma Garcia, la tâche fut plus ardue. Menée après la première manche (0-1), la gauchère haïtienne a trouvé les ressources mentales pour inverser la tendance. Grâce à un dollyo tchagui parfaitement exécuté et plusieurs enchaînements précis, elle s’impose 2-1 et offre à Haïti une victoire historique.
«Je n’ai jamais pensé à abandonner», a-t-elle confié à l’issue du combat. «J’ai senti derrière moi tout un peuple. Cette médaille, c’est pour Haïti».
Une victoire qui transcende le sport
Ce succès dépasse le cadre sportif. Dans un pays miné par la crise et l’insécurité, cette médaille représente un acte de résistance et un symbole d’espoir pour la jeunesse. Le président du Comité olympique haïtien, Hans Larsen, insiste sur la portée collective de ce triomphe.
«Ce résultat n’est pas le fruit du hasard. C’est la récompense du travail acharné de nos athlètes et de nos dirigeants. Aujourd’hui, Haïti entre dans l’histoire», a-t-il déclaré.
Même son de cloche du côté de la Fédération haïtienne de taekwondo. Son président, le Dr Frénel Ostin, souligne l’importance de cette étape.
«Le taekwondo haïtien vit une journée historique. Nous avons résisté avec peu de moyens, mais avec la conviction que ce sport pouvait hisser notre drapeau. Ava en est la preuve vivante».
Une médaille pour une jeunesse qui refuse de renoncer
Alors que l’État et le secteur privé peinent à accompagner pleinement les sportifs, la performance d’Ava Lee révèle l’immense potentiel d’une jeunesse qui refuse de se résigner. Elle rappelle aussi que, même dans le chaos, Haïti peut encore briller et s’asseoir à la table des vainqueurs.
Ce 16 août 2025 restera ainsi une date charnière, non seulement pour l’histoire du sport haïtien, mais aussi pour l’imaginaire collectif d’un peuple en quête de fierté et de renaissance.
Jean Mapou