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Il faut vite citer le COMPAS au tribunal correctionnel !

Par Jean Venel Casséus

Ce 26 juillet 2025, le Compas Direct fêtera ses 70 ans. À ce stade, plus qu’une célébration, c’est un procès qu’il faut instruire. Non pour condamner, mais pour interroger la nature véritable de ce phénomène. Après sept décennies de mutations, d’appropriations et de glissements stylistiques, que désigne encore aujourd’hui le mot Compas ? S’agit-il d’un genre musical cohérent ou d’un label extensible à l’infini ? D’une matrice culturelle solide ou d’un corps sans ossature ? Face à la prolifération de ses déclinaisons, il est temps de le traduire devant le tribunal de la pensée critique. Le Compas doit être à la barre. Non pour se défendre, mais pour s’expliquer.

Le mot Compas est devenu un fourre-tout. À l’origine, Compas Direct désignait un style musical bien défini, lancé en 1955 par Nemours Jean-Baptiste. Mais très vite, il s’est fragmenté en dérivés : Compas Love pour les morceaux lents et sucrés, Compas Manba pour le groove épicé des rues, Compas Roussi pour les relectures roots, et tant d’autres appellations qui flirtent avec l’artifice. Aujourd’hui, on parle même de Compas Festival, Compas Gwouyad… comme s’il suffisait d’un beat de basse pour baptiser Compas.

Mais au fond, qu’est-ce que le Compas ? Rythme ? Structure ? Marque de fabrique ? La réponse reste fuyante. Ce flou n’est pas toujours un handicap : il favorise la diffusion. Mais il fragilise aussi la cohérence artistique du genre. Le Compas est-il une école musicale ou un simple label marketing qu’on appose à tout ce qui vient d’Haïti et fait danser ?

Demandez à dix musiciens ce qu’est le Compas, vous obtiendrez dix réponses. Pour certains, c’est une signature rythmique rigoureuse en 4/4, centrée sur la fameuse guitare compas. Pour d’autres, c’est avant tout une énergie, une ambiance, une chaleur caribéenne difficilement traduisible. Ce flou autour de sa définition a permis à des artistes d’y glisser tout et n’importe quoi, souvent pour répondre à un public en quête de nouveauté.

La question « Qu’est-ce que le Compas ? » est devenue un exercice périlleux. Le Compas est-il encore une musique, ou simplement une couleur sonore dont on se drape ? À force de mutations, il pourrait bien avoir perdu sa chair pour ne garder que sa peau sonore.

Le Compas a tout essayé : le jazz (Compas Jazz), le R’n’B, le ragga (Compas Ragga), l’électro, le funk (Compas Fonky), sans oublier le zouk et la salsa. Ce métissage témoigne d’une vitalité certaine. Mais cette vitalité n’est-elle pas aussi une fuite en avant ? Le Compas s’est parfois vidé de sa substance pour séduire : un riff de guitare ici, une rythmique cowbell là, et voilà un morceau labellisé Compas.

Faut-il y voir une force ou une faiblesse ? Une capacité à absorber, ou une incapacité à résister ? Certains diraient que le Compas est devenu parasite : il survit en se greffant sur d’autres formes. D’autres, au contraire, y voient une musique pollinisatrice, qui sème sa rythmique dans tous les jardins du monde.

À force de s’adapter, on peine à tracer une ligne claire entre le Compas et tout ce qui fait bouger le bas ventre. Cette porosité est source de créativité mais aussi de confusion. Le Compas reste-t-il identifiable pour un jeune musicien haïtien d’aujourd’hui ? Peut-il être enseigné, transmis, sans se réduire à une ambiance festive ?

Et pourtant, le public danse. Est-ce suffisant pour qu’un genre survive ? La danse seule ne suffit pas à assurer la pérennité d’une musique. Il faut aussi des fondations théoriques, une transmission structurée, un répertoire solide.

Le Compas n’a ni conservatoire, ni manuel, ni fondation. Il se transmet dans les studios, les bals, les répétitions de quartier. Cela en fait une musique vivante, mais fragile. Les artistes eux-mêmes hésitent entre fidélité à la tradition et quête d’innovation. Résultat : une cacophonie de formes qui érode l’héritage.

À l’heure où les algorithmes classent, recommandent, imitent et produisent, le Compas fait face à un défi inédit : celui de sa lisibilité numérique. Est-il, comme d’autres genres codifiés, reconnaissable par des machines entraînées à analyser les formes musicales ? Peut-on réellement isoler ses signatures rythmiques, ses structures harmoniques, ses motifs mélodiques dans une base de données destinée à générer du son artificiel ? Ou bien, faute de définition claire, le Compas risque-t-il de disparaître dans la grande soupe des musiques tropicales ?

L’intelligence artificielle ne crée pas à partir du vide : elle réplique, assemble, interprète des motifs existants. Si le Compas reste flou, mouvant, jamais formellement enseigné ni théorisé, il devient difficile à encoder. Déjà, les grandes plateformes de streaming ou d’analyse musicale le confondent avec le zouk, la salsa ou des catégories vagues comme world beat. Le Compas devient alors une ambiance, non un langage.

Ce qui est en jeu ici, c’est la capacité du Compas à entrer dans l’histoire enregistrée des musiques du monde à l’heure où l’intelligence artificielle en redessine les frontières. Car une musique qui ne se laisse pas formaliser en partitions, en grilles, en nomenclatures, est une musique que les machines ne reconnaîtront pas. Et donc, une musique qu’elles n’imiteront ni ne préserveront.

Pour éviter cette invisibilisation, il faut penser le Compas comme un objet transmissible, et non comme un simple héritage affectif. Cela suppose un travail de formalisation (rythmique, harmonique, historique) et une volonté de le rendre intelligible, tant pour les humains que pour les systèmes automatisés.

Créateurs, promoteurs, animateurs, penseurs, mélomanes doivent vite citer le Compas au tribunal correctionnel de la postérité et de la prospérité, non pour plaider contre la modernité, mais pour revendiquer et situer sa place dans la révolution et l’évolution de l’industrie. À l’ère de l’intelligence artificielle, seules les musiques conscientes d’elles-mêmes pourront encore produire du sens au-delà du bruit.

New Orleans, 19 juillet 2025

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