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Murder She Wrote : Sexisme ou misogynie ?

Par Jean Venel Casséus

Ce matin, j’ai surpris ma fille de 10 ans en train d’entonner Murder She Wrote, un tube des années 90 qu’elle a sans doute découvert sur YouTube ou TikTok. Comme elle, adolescent, j’avais moi aussi dansé sur ce morceau, séduit par son rythme syncopé et son énergie irrésistible. Mais l’entendre aujourd’hui dans la bouche de mon enfant a éveillé en moi une curiosité soudaine. J’ai réécouté les paroles, attentivement cette fois, et ce que j’y ai trouvé m’a littéralement sidéré.

La chanson Murder She Wrote, interprétée par le duo jamaïcain Chaka Demus & Pliers, est l’un des classiques du dancehall international. Paru en 1992, ce morceau à l’apparente légèreté musicale s’est imposé comme un incontournable des pistes de danse, porté par des refrains accrocheurs et un groove implacable. Mais derrière l’insouciance festive, se dissimule un récit brutal, accusateur, et profondément genré.

Le titre même de la chanson est un clin d’œil direct à la célèbre série télévisée américaine Murder, She Wrote (connue en français sous le nom Arabesque), dans laquelle Jessica Fletcher, une romancière vieillissante mais perspicace, résout des affaires criminelles dans une société souvent dominée par les hommes. Figure féminine forte, intellectuelle et indépendante, elle s’imposait alors comme une exception dans la culture populaire. Or, dans la chanson de Chaka Demus & Pliers, ce même titre devient le nom d’un réquisitoire cruel lancé contre une autre femme : Maxine.

Tout au long du morceau, Maxine est présentée comme une femme séduisante mais moralement corrompue : “Yuh face is pretty but yuh character dirty.” Ce refrain, répété à l’envi, installe une opposition simpliste entre apparence et vertu, beauté et décadence. Loin d’être un simple commentaire sur les relations humaines, la chanson érige Maxine en symbole de la déchéance morale attribuée à certaines femmes. Son seul crime ? Exister en dehors des cadres traditionnels de la féminité docile. Elle est accusée d’infidélité (“Yuh run to Tom, Dick and also Harry”), d’avortements répétés (“Now every middle of the year dis girl go have abortion”), de relations interethniques intéressées (“Make love with a coolie, Chinese, white man and Indian”), et d’opportunisme affectif. Bref, elle est stigmatisée pour avoir exercé une forme de souveraineté sur son corps et ses choix.

La chanson ne propose aucun contrepoint, aucun regard alternatif : elle est unilatérale, totalisante, et sans appel. Maxine est réduite à une incarnation du vice féminin, à une figure du désordre. Le refrain “Murder she wrote” agit comme une sentence. Mais quel est ce crime dont elle serait l’autrice ? Celui de s’être émancipée d’un ordre social masculin ?

La question qui se pose alors est celle du regard : s’agit-il ici d’un regard sexiste, c’est-à-dire d’une reproduction inconsciente de stéréotypes genrés ? Ou sommes-nous face à une forme de misogynie délibérée, c’est-à-dire d’hostilité structurelle à l’égard des femmes qui défient l’assignation normative qui leur est socialement prescrite ? Dans la mesure où Maxine n’est pas seulement critiquée, mais méthodiquement disqualifiée, moquée et condamnée, l’analyse penche clairement vers la seconde hypothèse.

Cette chanson, toujours diffusée, remixée et célébrée dans les espaces festifs, rend manifeste une tension persistante dans les productions culturelles populaires : entre plaisir musical et violence symbolique. Elle révèle avec force le paradoxe d’une culture qui, tout en élevant les rythmes à un rang universel, continue d’en faire le vecteur d’un discours normatif et punitif à l’encontre des femmes.

Aujourd’hui, en entendant Murder She Wrote résonner dans la voix innocente de ma fille, j’ai compris que certaines chansons ne vieillissent pas seulement musicalement, mais idéologiquement. Derrière le vernis du groove se cachent des récits, des jugements, des formes de pouvoir. Et Maxine, elle, n’a jamais eu le droit de s’expliquer. Murder she wrote, disent-ils. Mais qui a vraiment écrit cette histoire, et au nom de quelle justice ?

Scranton PA, 18 Juillet 2025
@highlight


Ànoter : Cet article fait partie de ma série au long cours intitulée « Texte et Pré-Texte : Ne joue pas avec la musique ».

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