Washington/Port-au-Prince, juillet 2025 — En pleine transition sécuritaire et institutionnelle, le Premier ministre haïtien Alix Didier Fils-Aimé a entamé une tournée diplomatique de haut niveau aux États-Unis, marquée par une série de rencontres stratégiques avec des responsables clés de l’administration américaine, du Congrès et des organisations régionales. Cette offensive diplomatique vise à consolider les partenariats autour de quatre grands axes : la sécurité, la tenue d’élections crédibles, la protection des migrants haïtiens et le soutien à la relance économique.
Sécurité nationale : priorité absolue
De Port-au-Prince à Washington, la situation sécuritaire a occupé une place centrale dans les échanges. Le Premier ministre s’est entretenu avec Christopher Landau, Deputy Secretary of State américain, avec qui il a réaffirmé la nécessité d’une coopération internationale renforcée pour démanteler les réseaux armés et restaurer la confiance citoyenne.
Cette priorité a été également abordée avec Michael Jensen, Directeur pour l’Hémisphère Occidental au Conseil National de Sécurité (NSC), ainsi qu’avec les parlementaires américains Michael Lawler (R-NY), Mario Diaz-Balart (R-FL) et Raphael Warnock (D-GA), tous sensibles aux défis sécuritaires actuels d’Haïti.
Élections et retour à l’ordre républicain
La question électorale a été longuement discutée lors de chaque rencontre. Le Premier ministre a exposé les progrès réalisés dans la mise en place du Conseil Électoral Provisoire et souligné l’importance d’un climat sécuritaire propice à des élections libres, inclusives et crédibles.
L’Organisation des États Américains (OEA) a réitéré son appui à ce processus. Son Secrétaire général, Albert Ramdin, a salué la volonté politique du gouvernement haïtien et annoncé la tenue d’une réunion du Groupe des Amis d’Haïti prévue le 29 juillet 2025 pour renforcer la coordination de l’appui international.
Diaspora, migration et dignité nationale
Les rencontres du 16 juillet 2025 ont permis de mettre en lumière une autre priorité de la diplomatie haïtienne : la protection des migrants haïtiens et la valorisation de la diaspora.
À Washington, le Premier ministre a plaidé, auprès de Hakeem Jeffries, Maxine Waters et Gregory Meeks, pour le maintien et le renforcement des programmes de protection humanitaire (TPS, programmes spéciaux) pour les Haïtiens vivant aux États-Unis. Il a insisté sur le fait qu’aucune solution durable pour Haïti ne peut être envisagée sans la prise en compte des réalités de sa diaspora, actrice incontournable du redressement national.
Cette position a également été soutenue lors d’un échange constructif avec la Congresswoman Sheila Cherfilus-McCormick, qui a réaffirmé son engagement personnel à soutenir les initiatives du gouvernement haïtien en matière de sécurité, d’institutions démocratiques et de développement durable.
Coopération économique : le plaidoyer pour HOPE/HELP
Avec le sénateur Raphael Warnock, le Premier ministre a également plaidé pour le renouvellement de la loi HOPE/HELP, pilier fondamental de la coopération économique entre Haïti et les États-Unis. Il a mis en avant le rôle vital de cette loi dans le développement du secteur textile haïtien, la création d’emplois durables et la lutte contre la pauvreté.
Une diplomatie offensive et stratégique
Cette séquence diplomatique intense marque une nouvelle orientation dans la politique étrangère haïtienne : celle d’une diplomatie offensive, cohérente et résolument tournée vers les solutions concrètes. À travers cette série de rencontres, le Premier ministre Fils-Aimé entend positionner Haïti non pas comme un pays assisté, mais comme un partenaire engagé pour la sécurité régionale et la prospérité partagée.
Par Gesly Sinvilier