L’organisation Ensemble Contre la Corruption (ECC) a récemment jeté un pavé dans la mare avec la publication de son dernier rapport sur l’utilisation des fonds publics. Au centre de la controverse : le décaissement de 50 millions de gourdes par le ministère de la Jeunesse, des Sports et de l’Action Civique pour l’organisation des festivités de la fête du Drapeau, célébrée le 18 mai 2025. Problème majeur : aucune pièce justificative n’a été retrouvée pour appuyer cette dépense colossale.
Dans un pays où les caisses de l’État sont quasiment vides, où les services publics sont à l’agonie et où la population vit au rythme des urgences humanitaires, une telle affaire soulève l’indignation et appelle à des explications claires et immédiates.
Une fête nationale aux frais du peuple… mais sans justification
Selon le rapport de l’ECC, aucune trace administrative ni comptable ne permet de savoir comment ces 50 millions ont été utilisés, qui les a reçus, ni pour quelles prestations précises. L’organisation parle d’un « exemple flagrant de mépris des règles élémentaires de transparence et de bonne gouvernance ».
Dans un contexte où chaque gourde du budget national devrait être orientée vers des priorités vitales — santé, éducation, relèvement économique, sécurité —, une telle opacité autour d’une dépense publique interroge et scandalise.
Une ministre silencieuse, des responsabilités écrasantes
Jusqu’à présent, la ministre des Sports, Nyola Lynn Octavius, n’a émis aucune déclaration pour expliquer ou défendre cette dépense. Pourtant, selon les lois haïtiennes sur la gestion des finances publiques, elle est l’ordonnatrice principale et donc responsable directe de l’utilisation des fonds alloués à son ministère.
Ce silence est perçu par beaucoup comme un affront à la population et un déni de responsabilité, d’autant plus que le gouvernement de transition, dirigé par le Conseil Présidentiel, s’est engagé à instaurer une nouvelle culture de transparence et de reddition de comptes.
Un test pour la transition et l’État de droit
Cette affaire constitue un test majeur pour le Conseil Présidentiel de Transition (CPT), qui promettait une rupture avec les pratiques opaques du passé. Laisser passer une telle situation sans conséquence reviendrait à légitimer la dilapidation de l’argent public et à renforcer la culture de l’impunité.
Les citoyens, les organisations de la société civile et les partenaires internationaux observent de près la suite donnée à cette affaire. Des auditions, une enquête administrative indépendante, et si nécessaire des poursuites judiciaires, sont des étapes indispensables pour restaurer la confiance du peuple.
Le pays exige des comptes
Dans un pays où des milliers de familles vivent dans des camps de fortune, où des écoles sont fermés faute de moyens, et où les jeunes sont livrés à eux-mêmes, chaque centime du budget national doit être justifié. Ce n’est pas seulement une question de gestion, c’est une exigence morale et politique.
Le peuple haïtien est en droit de demander :
- À quoi ont servi les 50 millions ?
- Où sont les pièces justificatives ?
- Qui a autorisé et reçu ces fonds?
- Pourquoi la ministre ne parle-t-elle pas ?
- Et surtout, quelles sont les procédures en pareil cas ?
L’affaire des 50 millions pour la fête du Drapeau est plus qu’un scandale isolé : c’est le symbole d’un système qui doit changer. Si les autorités actuelles prétendent bâtir une nouvelle Haïti, elles doivent commencer par exiger des comptes aux responsables publics, sans complaisance ni protection politique.
La ministre de la Jeunesse des Sports et de l’Action civique, Nyola Lynn Octavius, doit rendre des comptes. Et l’État doit prouver qu’il n’est plus complice du silence, ni prisonnier de l’impunité.
Par GS