Le ministère à la Condition Féminine et aux Droits des Femmes (MCFDF) a officiellement lancé, ce mercredi 9 Juillet 2025, un atelier national de deux jours consacré à la validation des Procédures Opérationnelles Standards (POS) pour la prise en charge des cas de violences basées sur le genre (VBG) en Haïti. Ce rendez-vous stratégique s’inscrit dans une volonté collective et institutionnelle de renforcer la réponse nationale à ce fléau structurel et profondément enraciné dans la société haïtienne.
Prenant la parole à l’ouverture de cet atelier, la représentante du MCFDF a salué l’engagement des divers acteurs présents, soulignant l’urgence d’une action concertée et coordonnée. La cheffe de cabinet de la ministre, Marie Denise Claude, a dénoncé les multiples formes de violence subies par les femmes et les filles à travers le pays et a rappelé les défis persistants que rencontre le ministère dans sa lutte contre les VBG, notamment :
- La faiblesse du système judiciaire,
- Le manque de services d’accueil et de soutien,
- Le poids des normes patriarcales,
- La fragmentation des efforts de prise en charge.
Une approche globale et intégrée
Face à ces obstacles, la responsable a plaidé pour une approche multisectorielle, globale et durable, mobilisant tous les acteurs — institutions publiques, société civile, agences internationales et communautés locales — autour d’une même vision : prévenir, protéger, assurer la justice et transformer les normes culturelles. Elle a également souligné la nécessité d’un accompagnement soutenu des survivantes et d’initiatives concrètes pour lutter contre la féminisation de la pauvreté.
L’atelier de validation s’inscrit dans la mise en œuvre de la Politique d’Égalité Femme-Homme 2014–2034, un cadre national visant à garantir les droits des femmes et des filles. Le Plan National de Lutte contre les Violences envers les Femmes 2017–2027, porté par le MCFDF, constitue quant à lui un levier opérationnel pour traduire cette vision politique en actions concrètes.
Des outils pour transformer la réalité
Les Procédures Opérationnelles Standards qui seront examinées et validées lors de ces deux jours représentent un pas décisif vers une meilleure prise en charge des survivantes. Ces outils visent à :
- Harmoniser les pratiques à travers le territoire,
- Garantir la rapidité, la cohérence, la confidentialité et la dignité dans les interventions,
- Clarifier les rôles des institutions concernées,
- Et renforcer la collaboration interinstitutionnelle.
À l’issue de l’atelier, un plan stratégique opérationnel sera adopté, servant de feuille de route nationale pour une application efficace des POS. Il permettra également de former les professionnel·les intervenant·es, structurer les mécanismes d’orientation et de soutien, améliorer la collecte de données et renforcer la prévention au niveau communautaire.
Un engagement réaffirmé
Le MCFDF salue le travail des ministères sectoriels impliqués, des organisations féministes et des partenaires internationaux tels que l’UNFPA, ONU Femmes, et les agences de coopération qui ont contribué à l’élaboration des POS.
Clôturant son intervention sur une note d’espoir et d’engagement, la représentante du ministère a lancé un appel fort à l’unité et à l’action : « Mwen swete atelye sa ap mete sou pye yon mouvman nasyonal kote chak aktè, chak sektè mete men ansanm pou elimine vyolans sou fanm ak tifi. Ansanm nou pi fò. Ansanm nou ka chanje istwa survivant yo. Ansanm, nou ka kwape vyolans sou fanm ak tifi. »
Cet atelier marque donc une étape essentielle dans la construction d’un système national de prise en charge des VBG plus humain, plus cohérent et plus efficace, au service des droits et de la dignité des femmes et des filles haïtiennes.
Gesly J. Sinvilier