Le Barreau de Port-au-Prince a interdit à Me Caleb Jean-Baptiste d’exercer dans sa juridiction et a ordonné la fermeture de son cabinet. L’avocat dénonce une décision illégale, motivée selon lui par des considérations politiques. Le bras de fer s’intensifie.
Port-au-Prince, 7 juillet 2025 – Un nouvel affrontement secoue le monde judiciaire haïtien. Le Barreau de Port-au-Prince, par un avis officiel publié ce lundi 7 juillet 2025, a annoncé l’interdiction faite à Caleb Jean-Baptiste de plaider dans sa juridiction et la fermeture immédiate de son cabinet situé à Delmas 83.
Cette décision, découlée d’une réunion du Conseil de discipline tenue le 3 juillet dernier, est justifiée comme une mesure visant à “protéger le public” et à faire respecter la discipline au sein de la profession.
Séance tenante, le dossier a été transmis au Barreau d’Aquin pour les suites légales. Signe que l’affaire prend une tournure nationale.
Mais Caleb Jean-Baptiste n’entend pas se laisser faire. Dans un communiqué rendu public dans la foulée, le cabinet Caleb Jean-Baptiste & Associés dénonce une “décision arbitraire et illégale” prise sans respect des procédures. L’avocat affirme n’avoir jamais été convoqué, ni entendu, et encore moins notifié officiellement de la mesure, ce qui constituerait, selon lui, une grave violation de ses droits.
En s’appuyant sur les articles 50, 52 et 53 du décret du 29 mars 1979 régissant la profession d’avocat en Haïti, Jean-Baptiste soutient que le Bâtonnier de Port-au-Prince n’a pas compétence pour prononcer une telle interdiction sans une décision judiciaire. Il accuse le bâtonnier a.i Max Standley Lafortune d’avoir agi de manière unilatérale, en dehors de tout cadre légal.
Plus encore, l’avocat dénonce une persécution ciblée. Selon lui, cette mesure serait une tentative de l’écarter de dossiers sensibles dans lesquels il est engagé : des affaires de détournement de fonds impliquant le Fonds national de l’Éducation (FNE), un contentieux lui opposant à la banque UNIBANK, ou encore une procédure en cours contre l’entrepreneure Betty Lamy.
Il évoque aussi un “système de règlements de comptes” qui lui aurait été déjà visé dans le passé par d’autres figures du barreau, citant notamment les noms de Me Stanley Gaston et Me Marie Suzy Legros, bâtonniers d’alors.
Malgré la mesure disciplinaire, Caleb Jean-Baptiste annonce qu’il poursuivra ses activités en toute légalité et saisira les juridictions compétentes pour faire annuler cette décision qu’il considère comme “nulle et non avenue”. Il affirme que son cabinet restera ouvert et continuera de défendre ses clients “contre les dérives de la justice”.
Jusqu’à présent, aucune réaction officielle n’a été enregistrée du côté des autorités judiciaires nationales.
L’affaire, désormais entre les mains du Barreau d’Aquin, pourrait ouvrir une nouvelle phase judiciaire explosive. Alors que Me Caleb croit que seul ce barreau auquel il se rattache est éligible à statuer sur son cas.
Wideberlin Sénexant