Amazon a franchi un cap historique en déployant plus d’un million de robots dans ses entrepôts à travers le monde, un chiffre qui s’approche désormais du nombre total de ses employés, estimé à 1,56 million, dont la majorité travaille dans la logistique. Cette accélération de l’automatisation, portée par l’intégration massive de l’intelligence artificielle, marque un tournant dans le modèle opérationnel du géant du e-commerce.
Un rythme de robotisation inédit
Depuis 2020, le nombre de robots chez Amazon a été multiplié par cinq, avec une cadence annuelle de 150 000 à 200 000 nouveaux robots installés dans les centres de traitement des commandes. Si cette tendance se poursuit, les robots devraient surpasser les humains dans les entrepôts d’ici 12 à 18 mois, selon les prévisions des experts et de la direction du groupe.
Un impact direct sur l’emploi
Amazon a déjà amorcé une réduction de ses effectifs, supprimant plus de 27 000 postes depuis 2022, principalement dans les divisions retail et appareils électroniques. La direction assume que l’IA et la robotisation entraîneront « moins de personnes pour certains métiers », mais insiste sur la création de nouveaux emplois techniques, notamment dans la maintenance et la gestion de robots. Depuis 2019, 700 000 salariés ont été formés à de nouveaux métiers, mais la tendance globale reste à la baisse des effectifs.
Gains de productivité et mutation des tâches
L’automatisation permet à Amazon d’atteindre des niveaux de productivité inédits : chaque employé gère désormais en moyenne 3 870 colis par an, contre 175 en 2015, soit une multiplication par 22 de la productivité individuelle. Les robots prennent en charge les tâches les plus pénibles et répétitives, libérant les salariés pour des fonctions plus qualifiées et moins physiques. Selon la direction, 75 % des opérations de livraison sont désormais automatisées, et la densité robotique dans les nouveaux entrepôts est dix fois supérieure à celle des anciens sites.
Un modèle qui fait débat
Amazon défend sa stratégie en affirmant que la robotisation « assiste, mais ne remplace pas » les humains, et qu’elle améliore la sécurité et l’intérêt des postes restants. Cependant, la réduction rapide des effectifs, conjuguée à la montée en puissance de l’IA, soulève des inquiétudes sur l’avenir de l’emploi non qualifié et la transformation du marché du travail logistique à l’échelle mondiale.
Un modèle qui promet des gains d’efficacité spectaculaires, mais qui pose aussi de nouveaux défis sociaux et économiques majeurs.