Après les épisodes funestes de Mirebalais et de Saut-d’Eau, c’est désormais la commune de La Chapelle qui subit de plein fouet la furie des gangs, ce dimanche 22 juin 2025. Le commissariat a été incendié et réduit en cendres, plusieurs bâtiments publics et privés, dont le lycée de la ville, ont été ravagés par les flammes. La police a déserté la cité. La prise de cette commune laisse craindre des attaques imminentes sur les localités voisines, notamment la commune Verrettes, et risque de créer une connexion directe avec Petite-Rivière de l’Artibonite, déjà prisonnière des griffes du gang « Gran Grif ».
Triste anniversaire pour Normil
Un an après l’arrivée de Rameau Normil à la tête de la Police Nationale d’Haïti, les résultats tardent à se faire sentir. Les territoires sous le contrôle des gangs continuent de s’étendre, et la situation semble s’aggraver chaque jour.
Petite commune paisible de l’arrondissement de Saint-Marc, La Chapelle, limitrophe de Saut-d’Eau, s’étend sur près de 145 km² et comptait plus de 30 000 habitants en 2015, répartis entre les sections communales de Martineau et Bossous. Aujourd’hui, ce territoire vit l’une de ses heures les plus sombres.
Selon le maire de La Chapelle, Fonrose Dieuseul Robinson, les bandits du groupe armé « Taliban », originaires de Canaan et dirigés par le redouté Jeff Larose, alias « Gwo Lwa », ont pris le contrôle total de la ville. Ils brûlent des maisons et détruisent tout sur leur passage. Face à eux, la police, en nombre insuffisant, n’a opposé qu’une faible résistance avant de battre en retraite. Le commissariat a été incendié, puis saccagé.
Pour l’instant, aucun bilan humain officiel n’a été communiqué, mais les déplacements de population s’intensifient. Des familles entières, fuyant avec leurs maigres bagages et des ânes chargés de biens, traversent à la hâte le fleuve de l’Artibonite pour trouver refuge ailleurs. Les chiffres officiels ne sont pas encore disponibles auprès des institutions de comptage habituelles telles que l’OIM.
Verrettes en ligne de mire
Au-delà de La Chapelle, le risque est immense. Cet axe stratégique est en train de se refermer, menaçant de couper totalement la liaison entre le département du Centre et l’Artibonite. Le Bas-Artibonite est sur le point de sombrer dans un enclavement quasi total.
Partis de Mirebalais et de Saut-d’Eau où ils se sont installés depuis fin mars, les gangs poursuivent inexorablement leur progression. Ils semblent se diriger vers Verrettes et Liancourt, des communes stratégiques, sans compter des localités clés comme Désarmes et Deschapelles, réputées pour leurs activités commerciales vitales dans le département.
Pire encore, depuis l’attaque, la police peine à pénétrer la ville pour envoyer des renforts. La commune est déjà bouclée et barricadée par les bandits, à l’image de ce qui s’est produit à Mirebalais.
Alors qu’une réponse forte et urgente s’impose pour ne pas perdre ce territoire, nombreux sont ceux qui s’interrogent sur l’efficacité réelle du haut commandement de la PNH, sur l’usage des drones kamikazes gérés par la Primature, et sur l’absence d’impact visible des policiers kényans déployés en Haïti depuis le 24 juin 2024.
Le pays regarde, impuissant, son territoire s’effondrer morceau par morceau sous le poids des armes et de l’indifférence.
WS