Le 2 mai 2025, les États-Unis ont officiellement désigné les coalitions criminelles haïtiennes Viv Ansanm et Gran Grif comme « organisations terroristes étrangères » . Cette décision marque une évolution significative dans la politique étrangère américaine, notamment dans l’hémisphère occidentale où les activités criminelles posent de sérieux problèmes pour la sécurité intérieure des États-Unis.
*Une réponse à une crise sécuritaire sans précédent*
L’organisation Viv Ansanm, formée en septembre 2023 par une coalition d’environ 27 groupes armés, est une alliance de gangs qui contrôle environ 85 % de Port-au-Prince et des zones environnantes . Cette coalition est responsable de nombreuses attaques violentes, notamment la fermeture de l’aéroport principal, des évasions massives de prisonniers et des massacres de civils. L’autre organisation, Gran Grif, établie depuis 2016 et opérant principalement dans le centre d’Haïti (Département de l’Artibonite), est impliquée dans des tueries de masse, dont celle de Pont-Sondé qui a fait plus de 70 morts .
La violence des gangs a provoqué le déplacement de plus d’un million de personnes et la mort de plus de 5 600 individus au cours de l’année écoulée. Au premier trimestre de cette année, selon les données actualisées du BINUH, plus de 1600 morts sont déjà recensés alors que les activités criminelles s’en vont en grandissant. Les infrastructures de santé sont paralysées, et plus de la moitié de la population haïtienne est confrontée à une insécurité alimentaire sévère .
*Les implications de la désignation terroriste*
En classant ces groupes comme organisations terroristes, les États-Unis peuvent désormais appliquer des sanctions plus strictes, geler les avoirs financiers et poursuivre en justice toute personne ou entité leur apportant un soutien matériel ou financier aussi minime soit-il. Cette mesure s’inscrit dans une stratégie plus large visant à élargir la définition du terrorisme pour inclure des groupes criminels transnationaux, comme cela a été fait précédemment avec des organisations telles que MS-13 et Tren Aragua. Selon de hauts responsables américains, les personnes impliquées dans les activités terroristes en Haïti et celles qui les financent peuvent se retrouver dans les prisons à sécurité maximale du Salvador.
*Une intervention militaire en perspective ?*
La doctrine de suprématie américaine, réaffirmée après les attentats du 11 septembre 2001, justifie des actions militaires préventives pour protéger les intérêts stratégiques des États-Unis. Avec Haïti situé à proximité immédiate, la présence de groupes terroristes dans cette région est perçue comme une menace directe aux intérêts et à la sécurité intérieure des États-Unis selon le Secrétaire d’État américain Marco Rubio. Bien que les États-Unis n’aient pas encore annoncé d’intervention militaire ou d’actions concrètes, la désignation des gangs comme terroristes pourrait servir de prélude à des actions plus directes, notamment en coordination avec la mission de sécurité multinationale dirigée par le Kenya et les forces de sécurité haïtiennes, qui peinent actuellement à contenir la violence en raison de ressources limitées. Il faut cependant rappeler que les États-Unis avaient fait savoir au Conseil de Sécurité de l’ONU, lors de la séance d’informations du mois d’Avril, qu’ils ne sont pas en mesure de soutenir financièrement les opérations de la MMAS en Haïti sur le long terme, en appelant à un plus grand engagement de la communauté internationale sur Haïti.
La désignation des gangs haïtiens Viv Ansanm et Gran Grif comme organisations terroristes étrangères par les États-Unis représente une escalade significative dans la réponse internationale à la crise en Haïti. Très attendue du côté haïtien, cette décision pourrait ouvrir la voie à des actions plus directes pour rétablir la stabilité en Haïti, conformément à la volonté de Donald Trump d’avoir un meilleur contrôle sur la sécurité régionale.