Monsieur le Président,
Depuis le début de votre mandat, la République dominicaine a intensifié ses efforts pour contrôler l’immigration, en particulier en provenance d’Haïti. Si la souveraineté nationale et la sécurité sont des préoccupations légitimes, les méthodes employées soulèvent des inquiétudes majeures quant au respect des droits fondamentaux.
Les expulsions massives, les arrestations arbitraires et les déportations de femmes enceintes ou allaitantes, souvent directement depuis des établissements de santé, ont été largement documentées et condamnées par des organisations internationales telles qu’Amnesty International et les Nations Unies. Ces actions, perçues comme discriminatoires et inhumaines, portent atteinte à la dignité des personnes concernées et contreviennent aux engagements internationaux en matière de droits humains.
Par ailleurs, les politiques actuelles semblent détourner l’attention des véritables défis sécuritaires auxquels la région est confrontée — à savoir les réseaux transnationaux de trafic d’armes, de drogue et d’organes humains. Ces menaces, bien réelles, requièrent non pas une stigmatisation de communautés déjà vulnérables, mais une réponse concertée, stratégique et régionale, à la hauteur de leur complexité.
Quant à la tentation d’hériter, par la force ou par l’exclusion, d’un territoire que l’histoire n’a jamais scellé comme indivisible, permettez-nous de rappeler qu’aucun rêve de domination ne peut légitimement s’ancrer dans l’oppression ou l’injustice. Le rêve, lorsqu’il nie l’autre, devient délire — et parfois, délire fatal. Ce n’est pas par l’exclusion, mais par le respect mutuel que la République dominicaine pourra véritablement affirmer sa maturité politique et morale dans la région.
Nous vous exhortons donc, Monsieur le Président, à reconsidérer les choix politiques actuels, à faire preuve de grandeur en engageant un dialogue sincère avec les autorités haïtiennes, les organisations de la société civile et les partenaires internationaux. Une diplomatie de la lucidité, appuyée sur la compassion, peut encore redonner de l’oxygène à des relations bilatérales trop souvent asphyxiées par les réflexes de peur et de rejet.
Fait à Port Au Prince, le 30 Avril 2025.
Jean Rodlet Jean Baptiste, Président Platfòm Jenès Prezan (PJP)
jeanbaptistejeanrodlet@gmail.com