Alors que le Conseil Présidentiel de Transition fête ce 25 avril 2025 une année depuis son installation, ce conseil composé de neuf membres affiche, selon certains constats, un échec cuisant. La situation s’empire depuis, et les missions initiales de ce gouvernement semblent loin d’être accomplies. Les réactions fusent de toutes parts.
Neuf secteurs politiques sont représentés au sein de ce Conseil Présidentiel de Transition, monté sous l’égide de la CARICOM et des États-Unis. Les missions étaient pourtant claires : rétablissement de la sécurité, amélioration des conditions de vie, organisation d’un référendum pour une nouvelle Constitution et la tenue des élections afin de remettre le pouvoir le 7 février 2026.
Face à ce constat, des représentants de secteurs ayant participé à la formation du gouvernement tirent à boulets rouges sur leur propre progéniture. Dans un rapport de 15 pages, Me André Michel dresse un bilan accablant de la gouvernance du CPT, marquée, selon lui, par l’incompétence, la corruption et la division. Me Michel dresse un portrait critique des différents membres du CPT. L’homme du secteur ayant propulsé le conseiller Gérald Gilles fustige l’exécutif pour avoir oublié leur mission première. Ainsi il plaide pour un nouvel accord politique entre les secteurs, tout en critiquant la non-publication de l’accord du 3 avril qui a, pourtant, donné naissance à ce conseil.
Quant au numéro un du parti EDE, Dr Claude Joseph, il a qualifié le Conseil Présidentiel d’« échec total ». L’ancien a expliqué les raisons de sa prise de distance, notamment l’affaire de corruption à la BNC impliquant celui que son secteur avait désigné, en l’occurrence Smith Augustin.
Des leaders comme celui du parti UNIR/Ayiti, Clarens Renois, également impliqué dans ce modèle de gouvernance, ont critiqué sans détour le Conseil à l’occasion de son premier anniversaire. Des organisations de défense des droits humains ont également élevé la voix.
Divers autres secteurs n’ont pas mâché leurs mots pour dénoncer la perte de cap de cette transition politique. Par ailleurs, des voix comme celle du leader du parti Pitit Dessalines, Moïse Jean-Charles, ne se sont pas encore fait entendre à l’instant où nous rédigeons cet article – si cela a été vraiment le cas.
La sécurité est en débâcle. Les gens fuient, d’autres meurent. La crise s’aggrave. Plus de 5 millions d’Haïtiens sont en situation d’insécurité alimentaire. Sous le règne du CPT, Port-au-Prince est assiégée à 90 % par les gangs, faisant d’elle la ville la plus violente du monde en 2024, selon une étude d’un organisme basé au Mexique. Plus d’un million de personnes sont déplacées à l’intérieur du pays. Les gangs se renforcent, et de plus en plus de territoires échappent au contrôle de l’État. Malgré l’appui de la mission multinationale, les forces de l’ordre restent dépassées par les événements.
À Port-au-Prince, les morts ne se comptent presque plus, laissant parfois aux chiens errants le sinistre privilège de déchiqueter les cadavres. Ça va mal en Haïti et les constats sont graves.
Référendum, élections, fin du règne du CPT le 7 février ? La question reste en suspens, et fait planer le doute.