Des violences d’une rare intensité ont plongé Mirebalais et Saut d’Eau dans le chaos. Près de 6 000 habitants ont fui les assauts des gangs armés, abandonnant leurs maisons et leurs biens depuis 31 mars 2025. Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), ces déplacés, issus de 1 272 ménages, tentent de trouver refuge dans des zones plus sûres.
Mirebalais, 2 avril 2025 – L’attaque, menée par la coalition Viv Ansanm, a ciblé des points stratégiques de Mirebalais, dont le commissariat et la prison, facilitant l’évasion de plus de 530 détenus. Débordées, les forces de l’ordre ont dû battre en retraite, laissant la ville sous la coupe des assaillants. Malgré l’intervention des unités d’élite du SWAT et l’acheminement de renforts par hélicoptère, les gangs ont mis leur emprise sur plusieurs quartiers clés.
Face à l’escalade de la violence, un exode massif s’est enclenché. Suite à ces attaques dans les communes de Saut d’Eau (précisément dans sa 2e Section La Selle) et Mirebalais (2e Section Sarazin), les chiffres de l’OIM font état de 83 % des déplacés qui ont trouvé refuge chez des proches, tandis que 17 % se sont installés dans 14 sites de fortune. La route vers Port-au-Prince étant bloquée, nombre d’entre eux cherchent à rejoindre d’autres communes du département du Centre, bien que celles-ci restent sous la menace d’une expansion des gangs.
Dans une tentative de rétablir l’ordre, les autorités ont nommé un nouveau commissaire, Mathias Jean David, en remplacement de Jean Claude Bazile, vivement critiqué. Toutefois, la police manque cruellement de ressources, et les appels à un renforcement des effectifs se multiplient.
Pendant ce temps, les violences se poursuivent. Un hélicoptère acheminant des renforts pour la police a été pris pour cible à Saut-d’Eau, blessant un agent. Par ailleurs, des gangs ont tenté d’utiliser ce mercredi, une pelle mécanique pour semer la destruction dans la cité de Benoît Batraville, avant que l’engin ne soit intercepté à Carrefour Peligre par la Police nationale d’Haïti.
De plus, les malfrats cherchent à s’emparer des grands immeubles de la ville pour mieux contrôler le territoire et semer la pagaille. Des sources locales rapportent déjà l’installation de chefs de gangs dans certains endroits stratégiques.
Saut-d’Eau, commune voisine, connaît aussi des attaques répétées des gangs, venus de Canaan, malgré quelques périodes de calme.
Alors que les habitants encore pris au piège lancent des appels à l’aide, la Matrice de suivi des déplacements (DTM), mise en place par l’OIM, continue d’évaluer l’ampleur de la crise. Si la tendance actuelle se maintient, Mirebalais risque de devenir un territoire perdu, élargissant ainsi la carte de l’insécurité en Haïti.