Mirebalais a sombré dans la violence depuis le lundi 31 mars 2025, lorsque des gangs armés affiliés à la coalition criminelle, Viv Ansanm, ont envahi la ville. Le commissariat a été attaqué, une évasion massive à la prison s’est produite, et la population, terrorisée, tente de fuir vers d’autres communes limitrophes. Face à cette escalade, les forces de l’ordre ont tenté de réagir en renforçant leur présence, tandis qu’un nouveau responsable de la police a été nommé à la tête du commissariat.
Réveillés sous les balles, les habitants ont assisté, impuissants, à l’attaque de la ville, qui a commencé par le quartier de Trianon. Les activités sont suspendues, la ville est en proie à une forte tension. Le commissariat, abandonné par les forces de l’ordre, a été rapidement pris d’assaut où des voitures sur la cour ont été en partie en fumée.
Les assaillants, reconnaissables à leurs maillots rouges portant des inscriptions telles que Taliban Mawozo, ont facilement pris possession des lieux avant de s’attaquer à la prison, où plus de 530 détenus se sont évadés. L’un d’eux a été abattu dans la cour lors de cet assaut.
Pris de panique, des centaines de Mirebalaisiens ont pris la route de l’exode, cherchant refuge dans des zones plus sûres. Dans la ville, les gangs sèment la terreur : pillages, incendies, assassinats.
Malgré l’arrivée de renforts policiers par hélicoptère, incluant plusieurs unités d’élite comme le SWAT, et l’engagement des agents du BSAP aux côtés de la population, l’emprise des gangs sur la ville reste forte. Des groupes d’autodéfense se sont également organisés. Des chasses à l’homme sont menées pour retrouver les assaillants qui se dispersent dans la cité Benoît Batraville.
Tout au long de la journée et la nuit qui accouche à ce 1er avril, des cris de détresse ont retenti dans plusieurs quartiers. Des entreprises sont pillées, des tirs à l’arme lourde résonnent. Selon des sources locales, des tirs ont même visé un hélicoptère apportant des renforts.
Pour tenter de reprendre le contrôle, un changement à la tête du commissariat a été annoncé près de 24 heures après l’attaque. Ce mardi, le commissaire Mathias Jean David a remplacé Jean Claude Bazile, critiqué pour son inaction. Selon plusieurs témoignages, ce dernier aurait préféré fermer le commissariat et prendre la fuite, laissant le champ libre aux assaillants qui ont eu le temps d’organiser l’évasion et d’incendier plusieurs bâtiments dans la commune.
Mirebalais, en état de siège
D’après une source locale, les gangs cherchent à placer leurs chefs dans divers quartiers stratégiques afin d’assurer un contrôle total de Mirebalais.
La situation est critique : des usagers de la route sont bloqués dans la commune depuis plusieurs jours, contraints de rebrousser chemin. L’accès à Port-au-Prince est totalement coupé. Mirebalais est en état de siège. L’électricité est absente depuis des semaines, les écoles et d’autres institutions ont fermé leurs portes.
Une menace qui s’étend
Malgré l’élimination de plus d’une trentaine de criminels depuis l’attaque, les autorités peinent à rétablir l’ordre. Les gangs utilisent des immeubles en hauteur pour surveiller la ville et y semer la terreur.
Pendant ce temps, la commune voisine de Saut-d’Eau, principal point d’accès à Mirebalais, est également sous la menace d’une incursion des gangs de Canaan.
Face à l’ampleur de la crise, la police réclame d’urgence des renforts en effectifs et en matériels pour contre-attaquer ces groupes armés qui cherchent à s’implanter durablement dans le département.
Commune du département du Centre, Mirebalais est accessible depuis la région métropolitaine par la Croix-des-Bouquets via Morne à Cabri et par la commune de Saut-d’Eau via Titanyen. Ce dernier itinéraire est sous la menace des gangs de Taliban, dirigés par Jeff Larose, qui cherchent à contrôler cette zone, réputée pour sa chute d’eau emblématique.
Elle donne accès aux départements, du Nord, Nord-Ouest, Nord-est et aussi à la frontière haïtiano-dominicaine.
Si rien est dit, Mirebalais allongera la liste des territoires perdus. Ainsi, le département du Centre rejoindra les départements( Ouest, Artibonite) qui sont déjà en proie à des violences orchestrées par des groupes armés alors que le gouvernement met le cap pour des élections.