Y a-t-il des bruits de tirs près de chez vous ? Voyez-vous des corps inanimés dans les rues, victimes de balles perdues ? Des voisins qui fuient leur maison pour se mettre à l’abri ?
Il y a des pleurs en silence dans nos cœurs, des larmes versées dans nos yeux secs, parce que notre peur choisit la traversée du désert.
Des armes, des morts, des cris, des pleurs, mais aussi des hommes politiques qui se chamaillent pour s’accaparer le pouvoir. Telle est la réalité en ce moment dans notre chère Haïti.
Le peuple crie, les politiques vivent. Une illustration parfaite de la crise que nous traversons. Pourtant, je fais partie de ceux qui rêvent. Je rêve d’une Haïti meilleure, chaque jour. Je rêve d’une Haïti où chacun pourrait circuler librement, en sécurité. Mais comme l’a écrit Yasmina Khadra, mon auteur préféré : « Rêver, ce n’est pas attendre, mais chercher à atteindre son but contre vents et marées. »
Le peuple n’en peut plus. L’inaction de nos dirigeants face à la montée de la violence en dit long sur leurs véritables intentions. Leur agenda politique ne semble pas inclure la population haïtienne, mais plutôt des intérêts personnels. Cela est grave, car la politique, n’est-ce pas l’art de gérer le pouvoir au profit du peuple ?
Une semaine en Haïti en un mot : NOMINATION.
À chaque Conseil des ministres, aucune mesure concrète n’est prise pour faciliter la libre circulation des citoyens ou combattre la violence. On y parle principalement de nominations, sans jamais prioriser le bien-être des plus démunis.
Ne serait-il pas temps de redynamiser les collectivités territoriales et de restructurer la Police nationale pour combattre les gangs armés ? Où est passé le Conseil Supérieur de la Police Nationale (CSPN) ? Que font les ministres de l’Intérieur, de la Justice ou de la Défense ? Pourquoi n’avons-nous pas une cellule de crise pour reconquérir les territoires perdus ? Autant de questions sans réponse. Tristesse pour la population, abondance pour les politiques.
La traversée du désert est encore longue. À quand notre Canaan ? Dans mon dernier éditorial, j’ai posé la question suivante : « Que faut-il faire pour Haïti ? » Une question qui reste sans réponse de la part de la classe politique actuelle.
2024 s’achève tant bien que mal avec, pour bilan, quatre Premiers ministres et neuf présidents. Des chiffres impressionnants, mais aucune véritable proposition de changement ni aucun acte montrant une volonté d’aller de l’avant. Qu’avons-nous fait pour mériter cela ?
Immunité dans une crise constitutionnelle
Trois conseillers présidentiels sont aujourd’hui indexés dans l’affaire BNC. Tandis que la classe politique et la population réclament leur démission, ces derniers restent sourds, brandissant leur immunité. Quelle ironie ! Parler d’immunité alors que nous sommes sous un pouvoir de facto, dans une crise constitutionnelle où aucun élu n’est en fonction depuis trois ans, c’est très osé, messieurs. Peut-être faudrait-il quitter la table avant qu’elle ne soit desservie, mais j’oublie que chez nous, la culture de la démission n’existe pas.
Le gâteau du pouvoir est en pleine distribution. Tout le monde est convié à prendre sa part, que ce soit au niveau des collectivités territoriales, avec plusieurs changements annoncés parmi les maires, ou avec le retour de l’ex-maire Youri Chevry, recherché par la DCPJ pour association de malfaiteurs. Comme l’a sarcastiquement dit l’ancien sénateur Antonio Cheramy : « Bravo Lwès ! »
Vers une nouvelle transition ?
Nous approchons de la fin de l’année et 2025 promet d’être long, surtout quand on entend Me André Michel parler d’une reconfiguration totale du CPT ( Conseil Présidentiel de Transition) avec son fameux TABOULARAZA sur Gazette Haïti. Cela veut-il dire une nouvelle transition ? Cela fait trois ans, bordel !
On ne change pas une équipe qui gagne mais ma question est la suivante, les dirigeants actuels sont-ils une EQUIPE ou encore moins gagnante. Au vue de leur bilan je dirais que non alors si vous n’êtes pas à la hauteur, parfois il faut savoir se retirer en douceur.
Pardon pour cet écart de langage. Afin de me contenir, je conclurai par une question aux « Mèt Peyi » : À quand les élections ?
Celui qui danse sur les vagues ne peut pas couler.
Encore une fois 2024 touche à sa fin et Noël arrive…
Pour un peuple qui rit, qui chante et qui se résigne, que peut-on lui souhaiter ? Celui des prisonniers qui rêvent de liberté, du malade hospitalisé qui aspire à admirer un lever ou un coucher de soleil. Nous en avons trop connu des traversées, de la Guinée à notre nouvelle terre.
Que peut-on souhaiter pour un nouvel an ? Nous savons danser, nous n’allons pas sombrer. Haïti, tu danses si bien sur les vagues, tu ne peux pas couler.
À vous tous, chers compatriotes, Joyeux Noël. Dans cette vague, ne nous laissons pas emporter. Ne soyez pas trop dépressifs, nous ne coulerons pas.