Tu n’es pas mort. Les étoiles ne meurent pas, elles s’éclipsent un instant, le temps que nos yeux s’habituent à leur éclat devenu trop grand pour notre horizon.
Tu n’es pas mort. Tu as juste changé d’état, comme l’eau se fait nuage, comme le vent se fait murmure. Tu t’es fondu dans l’éther de la pensée, là où seuls les esprits libres t’atteindront, là où Haïti pleure et espère encore, bercée par tes mots devenus racines.
Tu n’es pas mort, Franckétienne. Dans chaque syllabe insurgée, dans chaque cri poétique, dans chaque rêve d’un peuple debout, ton souffle résonne. Tu es dans les pages froissées de la mémoire collective, dans les ratures fébriles des écrivains d’aujourd’hui qui cherchent à dire Haïti comme toi seul savais l’écrire.
Que pourrait-on te souhaiter, sinon l’éternité que tu t’es toi-même bâtie, pierre par pierre, lettre après lettre, dans cette langue que tu as tant aimée, que tu as défiée et réinventée ?
Va, marche encore dans nos consciences, éclaire nos doutes, chante nos révoltes.
Le temps n’a pas d’emprise sur ceux qui ont osé être plus grands que lui.
Fritz Eder JEUDY