lundi, octobre 27, 2025
11 C
Londres

𝐕𝐢𝐯𝐞 𝐥𝐞 𝐩𝐞𝐮𝐩𝐥𝐞 𝐡𝐚ï𝐭𝐢𝐞𝐧 𝐧𝐮𝐦é𝐫𝐢𝐪𝐮𝐞, à 𝐭𝐨𝐮𝐭 𝐣𝐚𝐦𝐚𝐢𝐬 𝐮𝐧𝐢 !

𝑃𝑎𝑟 𝐽𝑒𝑎𝑛 𝑉𝑒𝑛𝑒𝑙 𝐶𝑎𝑠𝑠𝑒́𝑢𝑠, 𝑀𝑆𝑐

Autrefois, les dirigeants qui échouaient pouvaient espérer se recycler. L’histoire officielle, souvent écrite par les puissants eux-mêmes, leur offrait des replis confortables. On les oubliait, ou on les réhabilitait. Mais ce temps est révolu. Depuis l’avènement des réseaux sociaux, le verdict de l’opinion publique est immédiat, viral, impitoyable. Plus besoin d’attendre un livre d’histoire ou un rapport officiel : la société juge, commente, archive… en direct.

C’est là tout l’intérêt — et toute la violence — de cette ère numérique. Car l’échec de ceux qui dirigent, qu’ils soient présidents, ministres ou directeurs généraux, n’est plus simplement administratif ou politique. Il devient un échec social total. L’espace public leur devient insupportable, hostile, glacial. Ils portent leur échec comme une cicatrice numérique, visible à jamais. Ils deviennent des parias, dans l’espace numérique, tout au moins.

Dans un pays comme Haïti, où les responsabilités sont rarement assumées, les réseaux sociaux jouent désormais le rôle d’archives populaires. Des tiroirs sans fond, qui conservent les fautes, les discours mensongers, les promesses trahies. Et lorsque l’impunité semble régner, le peuple numérique rouvre les dossiers. Le rappel est brutal, sans prescription, sans oubli.

On ne dirige plus sans conséquence. L’éclatement des médias, la prise de parole citoyenne, l’accès instantané à l’image et à la mémoire collective font que le pouvoir ne protège plus de la honte. Il l’expose. Le prestige ne dure plus que l’intégrité. Un ministre défaillant, un directeur corrompu, un président incompétent deviennent en quelques heures les cibles d’un bannissement social massif. Et ce bannissement n’a ni fin de mandat, ni grâce présidentielle.

Nous assistons à une mutation de la sanction. Ce ne sont plus les tribunaux qui effraient les dirigeants, mais le tribunal permanent de l’opinion, alimenté, amplifié et conservé par les réseaux sociaux. Le peuple haïtien numérique en profite bien, à défaut d’un système judiciaire utile. Une leçon pour ceux qui croient encore que le pouvoir est un privilège sans mémoire.

Hot this week

ENTRE DEVOIR DE MÉMOIRE ET DÉFIS DU MOMENT

Celui qui méprise son passé ou qui ignore l’histoire...

Jovenel Moïse : le président incompris et trahi

Par Pierre Josué Agénor CADET Il est des hommes dont...

Honneur au Dr Michel Philippe Lerebours qui vient de nous quitter

Nous pourrons profiter de ses écrits notamment sur l'histoire...

Etzer Émile et la provocation nécessaire : Entre vérité crue et maladresse symbolique

Par Jean Wesley Pierre « 🔵🔴 An 2025, fòk nou...

La fierté haïtienne, un héritage trahi

Opinion – Par Gesly Sinvilier Pendant longtemps, la fierté...

Topics

ENTRE DEVOIR DE MÉMOIRE ET DÉFIS DU MOMENT

Celui qui méprise son passé ou qui ignore l’histoire...

Jovenel Moïse : le président incompris et trahi

Par Pierre Josué Agénor CADET Il est des hommes dont...

Honneur au Dr Michel Philippe Lerebours qui vient de nous quitter

Nous pourrons profiter de ses écrits notamment sur l'histoire...

La fierté haïtienne, un héritage trahi

Opinion – Par Gesly Sinvilier Pendant longtemps, la fierté...

Quand des anciens dirigeants redécouvrent le peuple une fois le pouvoir perdu

Par Jean Wesley Pierre Port-au-Prince, Octobre 2025 — Lors d’une...

L’historien et critique d’art haïtien de renom Michel Philippe Leurebours est mort

Le professeur et historien Michel Philippe Leurebours s'est éteint...

Haïti-Musique-Hommage : Daniel Larivière, le Maestro !

Des rivières de mots sur des mélodies qui coulent...

Related Articles

Popular Categories